La saga entourant l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft prend une tournure importante aujourd’hui. Cette transaction monstre, la plus importante de tous les temps dans l’industrie du jeu vidéo et chiffrée à 68,7 milliards de dollars américains, pourra aller de l’avant. La juge Jacqueline Scott Corley de la cour fédérale aux États-Unis a en effet refusé la demande d’injonction préliminaire déposée par la Federal Trade Commission (FTC) le mois dernier. L’agence n’a pas précisé si elle compte faire appel du verdict.
En d’autres mots, Microsoft pourra clore ce dossier une fois pour toutes. Seule ombre au tableau pour le géant de l’informatique : le Royaume-Uni, qui fait cavalier seul contre cette fusion. La Competition and Markets Authority (CMA), soit l’autorité de régulation de la concurrence au pays, a bloqué l’acquisition en avril 2023. Microsoft en a appelé de la décision, mais le verdict ne sera pas connu avant le 28 juillet prochain. C’est bien après la date butoir de l’acquisition, fixée au 18 juillet 2023. Deux scénarios se dessinent :
- Microsoft procède à l’acquisition d’Activision Blizzard comme prévu, et gère le cas du Royaume-Uni plus tard
- Microsoft annule la transaction et débourse trois milliards de dollars américains à Activision Blizzard en frais de pénalité (improbable)
Phil Spencer réagit
Le dirigeant de la division Xbox pour Microsoft, Phil Spencer, n’a pas tardé à partager son soulagement face à la décision historique rendue aujourd’hui.
Nous sommes reconnaissants au tribunal d’avoir rapidement tranché en notre faveur. Les preuves ont démontré que l’accord conclu avec Activision Blizzard est bon pour le secteur et que les affirmations de la FTC concernant le changement de console, les services d’abonnement multi-jeux et l’informatique infonuagique ne reflètent pas les réalités du marché des jeux.
Depuis que nous avons annoncé cet accord, notre engagement à proposer davantage de jeux à un plus grand nombre de personnes sur un plus grand nombre d’appareils n’a fait que croître. Nous avons signé de nombreux accords pour que les jeux d’Activision Blizzard, les jeux Xbox first party et le Game Pass soient accessibles à un plus grand nombre de joueurs et de joueuses qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Nous savons que les joueurs et les joueuses du monde entier ont suivi cette affaire de près et je suis fier des efforts que nous avons déployés pour élargir leur accès et leurs choix tout au long de cette aventure.
Phil Spencer
Jugement de la cour
L’acquisition d’Activision par Microsoft a été décrite comme la plus importante de l’histoire de la technologie. Elle mérite d’être examinée de près. Cet examen a porté ses fruits : Microsoft s’est engagé par écrit, en public et devant les tribunaux à maintenir Call of Duty sur PlayStation pendant 10 ans, à parité avec la Xbox. Elle a conclu un accord avec Nintendo pour amener Call of Duty sur Switch. Et elle a conclu plusieurs accords pour apporter pour la première fois le contenu d’Activision à plusieurs services de jeux en nuage.
La responsabilité de cette Cour dans cette affaire est étroite. Elle doit décider si, malgré les circonstances actuelles, la fusion doit être interrompue, voire résiliée, en attendant la résolution de l’action administrative de la FTC. Pour les raisons exposées, la Cour estime que la FTC n’a pas démontré qu’il était probable qu’elle obtienne gain de cause sur son allégation selon laquelle cette fusion verticale particulière dans ce secteur spécifique pourrait réduire substantiellement la concurrence.
Au contraire, les éléments du dossier indiquent que les consommateurs auront davantage accès à Call of Duty et à d’autres contenus d’Activision. La demande d’injonction préliminaire est donc REFUSÉE.
Jacqueline Scott Corley, juge de la Cour de district des États-Unis pour le district nord de la Californie