AVIS – Crise d’Ado

Une idée intéressante mais un gâchi incohérent

L’idée de suivre quatre jeunes qui élaborent un plan pour retrouver un chat perdu tout en jouant des tours à leur gardienne et en défiant l’autorité avait de quoi séduire un jeune public friand de ce type d’humour. Toutefois, malgré des intentions louables et quelques moments divertissants, Crise d’ado finit par accumuler trop d’incohérences pour que le film soit bon.

Un récit qui s’égare

Dès le début, on est intrigué par la dynamique entre Bastien (Iani Bédard), son frère Rémi (Antonin Bouffard), leur demi-sœur plus jeune, jouée par Vaniel Lavoie, et leur autre demi-sœur, jouée par Rose Choinière, dont Bastien est manifestement un peu trop fasciné. Leur objectif initial, manipuler leur gardienne Diane (Sonia Vachon) et avoir la liberté est vite éclipsé par la disparution du chat de la plus jeune.

Le problème, c’est que les événements ne semblent pas suivre une logique cohérente. Trois jours se seraient écoulés, mais tout le monde porte encore exactement les mêmes vêtements, comme si le temps n’avait pas d’impact sur eux. De plus, malgré leur séjour prolongé dans cette maison de vacances vide, personne ne semble s’inquiéter du fait qu’ils n’ont absolument rien mangé ou nul meuble où dormir. On se demande aussi comment ils réussissent à avoir un système qui modifie la voix ainsi qu’un système audio complet, sans oublier réussir à imprimer divers documents pour leur plan et leurs farces alors qu’il n’y a manifestement aucune imprimante dans la maison.

Des personnages sous-exploités

Bastien, qui traverse une crise d’adolescence soudaine, se montre particulièrement turbulent, mais son développement psychologique laisse perplexe. Son attirance non dissimulée pour sa belle-sœur ajoute une touche d’inconfort qui ne semble jamais réellement adressée dans le récit. La plus jeune du groupe, quant à elle, se démarque par son accent français marqué, un détail qui ne semble avoir aucune explication narrative et qui tranche avec le reste de la fratrie québécoise.

Le personnage de Rémi, pourtant central à plusieurs moments, agit souvent de manière inexplicable. À un moment critique, il refuse de dévoiler à un policier (Réal Bossé) qu’un ravisseur a tenté d’enlever sa demi-sœur, ce qui aurait pourtant pu changer le cours de l’histoire.

Un film qui hésite entre réalisme et absurde

Alors que certains éléments du scénario cherchent à ancrer le film dans une réalité tangible (les conflits familiaux, la rébellion des adolescents, la présence d’une gardienne stricte, la maudite pandémie), d’autres plongent sans retenue dans l’absurde. Les enfants semblent avoir des ressources infinies pour orchestrer leurs plans farfelus, mais en même temps, ils ne s’occupent pas de besoins de base comme manger ou se changer.

Des parents en vacances qui se font appeler pour entrer travailler en santé et doivent prendre l’avion, en pleine pandémie, et laisser les enfants à une gardienne? C’est réaliste, ça?

Cette oscillation constante entre réalisme et comédie burlesque crée un certain malaise. Si l’intention était d’embrasser le non-sens, il aurait fallu pousser encore plus loin cette logique pour en faire une véritable force.

Un casting sympathique, mais un résultat mitigé

Malgré ces incohérences, Crise d’ado peut compter sur des jeunes acteurs attachants qui parviennent à insuffler une certaine énergie au film. La dynamique entre eux fonctionne bien et on sent une complicité sincère entre les membres de cette famille recomposée. Sonia Vachon, en gardienne dépassée, amoureuse du père des filles, mais déterminée, fait également un bon travail dans son rôle même si elle passe pour une nunuche de premier ordre.

Conclusion

Crise d’ado repose sur une idée de départ intéressante et bénéficie d’un casting intrigant et bon. En revanche, il s’enlise dans un flot d’incohérences et d’invraisemblances qui rendent l’expérience malheureusement, et soyons honnête, “platte”. Les jeunes spectateurs pourront probablement y trouver leur compte, comme ce fut le cas pour ma belle-fille de 11 ans et mon beau-fils de 8 ans. Mais, je préviens : les adultes risquent d’être plus agacés que charmés par ce récit qui s’effondre sous le poids de ses propres contradictions.