AVIS – Le Cercle des Neiges : un cas vécu qui prend dans la gorge

Patrick Tremblay
lecture de 7 minutes

Un docu-film basé sur “le miracle dans les Andes” qui vous gardera scotché sur votre sofa

Les cinéastes sont incontestablement fascinés par les récits de survie, mais plongeons-nous dans les détails du prétendu “miracle dans les Andes”, une épopée qui défie les conventions cinématographiques.

Bande-annonce officielle – Le Cercle des Neiges – Society of the Snow

Entrelaçant les sombres souvenirs des Andes avec des décors dans les majestueuses montagnes de la Sierra Nevada en Espagne, le film hispanophone Le Cercle des Neiges (v.f. de Society of the Snow) de J.A. Bayona dégage une authenticité et une intensité qui ne vous donne pas envie de manquer un seul bout du film. Rappelons-nous qu’un film américain avait déjà été réalisé, dans les années 1990, sur ce même récit : Alive.

Quelle est l’histoire derrière ce fait vécu?

Le 13 octobre 1972, un vol uruguayen, naviguant en direction de Santiago, Chili, transporte 45 âmes dont l’équipe de rugby surnommée les Old Christians. Leur destin bascule dans les Andes lorsque leur avion s’écrase, suite à des problèmes météorologiques.

Lors de l’opération de sauvetage, 10 semaines plus tard, seules 16 personnes émergent du chaos. Leur survie est un savant mélange d’ingéniosité, d’endurance, de foi et d’une décision devenue célèbre – dans un environnement montagneux, enneigé, dépourvu de nourriture – celle de consommer les défunts.

Mon avis complet sur Le Cercle des Neiges

Je vais être honnête, le crash de l’avion a été une phase initiale déconcertante. Il y a beaucoup d’avertissements au début du film qui nous laisse très bien savoir que c’est ce qui va se produire. Numa Turcatti, le passager qui narre le film, saura vous mettre dans l’ambiance tout au long de l’histoire également.

Le crash de l’avion est une déferlante de terreur viscérale : la neige, les débris et le vent tourbillonnent à travers le fuselage béant. On peut y voir, avec la force d’inertie, les rangées de sièges qui s’écrasent les uns sur les autres comme des accordéons, transperçant certains passagers et écrasant les autres. Au travers de ces images, un vacarme de métal grinçant et de bruits d’impacts çà et là assez brutal, suivi de cris et de hurlements. Les premiers instants en gros plans sont très déstabilisants, alors que les personnages encore en vie tentent de comprendre ce qui s’est produit en plus de lutter pour leur vie.

La suite du film se concentre sur l’histoire des survivants, ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent agir afin de vaincre plus dangereux que les éléments eux-mêmes, comme le froid et les risques d’avalanches : ils devront se battre pour leur survie car, dans cette région montagneuse surélevée, aucune végétation et aucun animal n’est considérable. Il n’y a que neige, roche et désolation.

Il est, habituellement, relativement difficile de capter la faim, la soif, le froid ou même le temps et l’espace. De ce côté, ça a été fort bien traduit par les différentes scènes qui nous sont offertes à l’écran. Nous pouvons également ressentir le poids de la situation en voyant, par moment, des inscriptions qui nous parlent du nombre de jours qui se sont écoulés et, surtout, le nom de chaque victime ainsi que leur âge à mesure que les personnages décèdent.

Un point de vue fort important qui doit être adressé touche ce qui peut être considéré comme “correct” de montrer à l’écran. Après tout, nous sommes face à des gens qui, pour survivre, devront se résigner à manger les corps de ceux et celles qui ont déjà passé l’arme à gauche. De ce côté, je ne peux que saluer le fait que le film n’affiche pas trop d’éléments peu ragoûtants. Nous verrons, en fait, que quelques bouts de chair; à un autre moment, ce sera les os d’une main et, principalement à la fin du film, quelques cages thoraciques dénudées à l’os mais avec quelques réserves.

Il nous sera même mentionné, par Numa, que trois personnes s’occupaient initialement de dépecer les morts à l’abri des regards pour que les survivants ne puissent pas savoir qui ils mangeaient. Sauf, bien entendu, lorsqu’ils étaient pris dans une avalanche qui emprisonna le groupe pendant des jours dans le fuselage de l’avion.

D’un autre côté, j’ai énormément apprécié que le film ne tourne pas autour de ce cannibalisme mais plutôt qu’il mise sur les deux mois de survie des passagers ainsi que leurs états émotionnels.

Nous sommes sur le bout de notre siège lorsque Nando et Roberto quittent le groupe pour tenter de se rendre au Chili avec comme mission, tant bien que mal, de sauver leurs camarades. Nous sauterons même de joie au moment où nous les verrons, enfin, trouver une personne qui pourra contacter les autorités pour sauver les survivants.

En conclusion

Le Cercle des Neiges est indubitablement un film que nous pouvons qualifier de provocateur, dérangeant, mais aussi profondément révélateur. Il nous rappelle avec une netteté troublante à quel point nous sommes vulnérables, même lorsque nous sommes confortablement installés dans notre salon, à l’abri du froid, tenant un verre et ayant de la nourriture dans le frigo. Il souligne que le risque de se retrouver dans une situation où nous pourrions être confrontés à la nécessité de choisir entre survivre à tout prix ou mourir pour nos convictions, voire nos croyances, est toujours latent.

Fait intéressant à savoir

Roberto Canessa, survivant du crash et aujourd’hui éminent cardiologue pédiatrique et candidat improbable à la présidence de l’Uruguay en 1994, insiste sur le fait qu’il ne s’agissait pas ici de cannibalisme mais plutôt d’anthropophagie, évoquant ainsi la nuance entre “survie” et “meurtre délibéré pour se sustenter”.

Le Cercle des Neiges

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8.1

Appréciation générale

8.1/10
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Père de famille, gamer, chroniqueur pour Métro Média, développeur de jeu indépendant et programmeur dans la vie de tous les jours : j'initie mes enfants au plaisir du gaming avec les classiques des anciennes générations ainsi que les jeux récents.
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