Avis – Murray Head

Marc-Olivier Jobin
lecture de 8 minutes

Un artiste multidisciplinaire

Véritable phénomène des années 70 et 80, Murray Head n’est pas seulement un chanteur, mais un artiste accompli. Au cours de ses 50 ans de carrière, le Britannique a alterné avec une facilité déconcertante le métier d’acteur et de chanteur.

C’est à l’âge de seulement 17 ans qu’il se fait remarquer par la compagnie de disque EMI et qu’il sort son premier “Single” intitulé “She Was Perfection” en 1966.

Ses succès intemporels tels que “Say It Ain’t So Joe” et “One Night In Bangkok” résonnent encore à nos oreilles aujourd’hui. Avec plus d’une dizaine de films à son actif, dont l’excellent “Sunday Bloody Sunday”, en plus des apparitions dans plus d’une vingtaine de télé séries, Murray Head peut se targuer d’avoir eu la reconnaissance de ses pairs.

Aimant varier les plaisirs au maximum, il a composé plusieurs bandes originales de films, notamment “The Children” et “Partners”. Comme si ce n’était pas suffisant, il s’est également attaqué aux comédies musicales, ajoutant une corde de plus à son arc. C’est d’ailleurs avec “Chess”, écrite en 1984, qu’il a le plus gros succès.

Sentant le besoin de faire un petit pas de recul sur plus de 50 ans de métier, il a publié son autobiographie intitulée “En passant” en 2011. Pressentant tranquillement, mais sûrement le poids des années, Murray Head décide de faire un dernier tour de piste en mettant sur pied une tournée d’adieu.

Bien que de nationalité britannique, l’homme de 79 ans a étudié au collège français Charles-De-Gaule. Il parle donc la langue de Molière avec une étonnante facilité. C’est d’ailleurs de cette façon qu’il va s’adresser à son public québécois réuni, public s’étant déplacé en grand nombre pour cet événement.

Un petit apéritif

En guise de première partie, nous avons droit à Miles Clayton, un duo canadien né de la créativité de Sheldon Miles et Clayton Grenier. Nés dans la ville de Québec, les gars sont donc à la maison pour l’occasion.

La lumière se ferme afin de laisser le groupe marcher sur scène.Aucune introduction ici : l’un prend la guitare, l’autre le synthé. Deux autres amis les accompagnent pour ce spectacle.

Nous avons droit à du Folk, les deux frères aimant chanter ensemble. Au niveau des paroles, la thématique centrale est l’amour avec un grand A.

La foule n’est pas étrangère à Miles Clayton puisque les applaudissements et les encouragements sont nombreux. La communication avec le public est bien là malgré le peu de temps passé sur scène. Vingt minutes plus tard,  ils terminent avec leur succès “You Gave Me”, écrit pour leurs enfants. Celles-ci étaient d’ailleurs présentes dans la salle, accompagnées par leurs mamans.

50 ans de carrière

À la suite d’un court entracte, c’était maintenant au tour du grand vétéran et sa bande d’enflammer les planches de la salle Louis-Fréchette. Tout comme sa première partie, Murray Head a fait le choix de se présenter sans introduction aucune.

Il est accompagné pour son dernier tour de piste de cinq musiciens, dont deux multi-instrumentalistes. C’est donc dire que l’alto, le banjo, la flûte et le saxophone sont à l’honneur. Ce sont des artistes de tous âges qui se présentent afin d’épauler le Britannique.

Une communication unique

Dès le début, Murray parle avec le public avec une rare aisance. Il nous dit alors que dans le vestiaire, pendant ses exercices vocaux, il a eu du mal avec sa voix. D’après lui, ses cordes vocales ne sont pas au top, mais il va tout de même faire de son mieux. “When I’m Yours” débute et c’est très bon malgré tout. Il est chaleureux et la communication avec le public est incroyable. Avec son accent français et son humour britannique, il fait des blagues à tout moment.

Il prend son temps pour introduire chaque titre, nommant des anecdotes. Les compositions de l’homme sont douces, s’estompant au profit d’une prestation vocale de plus en plus assumée malgré le poids des années. Il garde le contrôle et sa voix reste, pour la majeure partie, de qualité. Son expérience lui sert assurément afin de garder la maîtrise tout en balayant un spectre de plus en plus large, l’intensité et l’émotion des chansons étant très assumées.

Si la voix de Murray Head tient en majorité le coup, c’est dans les aigus que c’est plus difficile. Par moment il se tient même le cou et va boire une gorgée d’eau en sortant de scène pendant les moments instrumentaux.

Un artiste engagé

S’il parle de politique avec humour, il est cependant clair que son avis sur la question est tranché. Que ce soit par rapport à Nixon, Trump ou Bush, Murray Head a écrit plusieurs titres en lien avec les hommes américains de droite. Il est ainsi difficile de faire la distinction entre l’artiste et l’homme engagé, les deux étant totalement inter relié.

Il prend alors sa guitare pour jouer le hit “Say Ain’t So” qui est curieusement placé en milieu de concert. Malgré tout, cela est bien accueilli par le public. La Slide-Guitare est donc sortie pour l’occasion en remplacement de la basse.
Le dernier tiers du spectacle n’est pas en reste avec “Who Do You Think You Are” ou “No Mystery” : la chanson qu’il avait écrite comme bande sonore pour le film français « Pour 100 briques t’a plus rien ». On a également le droit à son hommage au fermier et agriculteur avec « Countryman » où son ami de toujours, Jeffrey Richardson, brille de mille feux avec son alto.

Un rappel unique

C’est carrément dans le public, avec la foule qu’il adore, que Murray Head tire sa révérence. S’il verbalise qu’il aimerait jouer encore quelques titres, il nous dit que le syndicat représentant les membres du grand théâtre refuse.

C’est donc avec son second mégahit “One Night In Bangkok” que le spectacle se termine. Dans la joie et la bonne humeur, tout le monde danse et tape des mains pour une finale sans aucun raté.

Si c’est bel et bien la dernière tournée de Murray Head, on peut dire sans détour que ce fut une dernière fois réussi pour l’homme qui a été un artiste dévoué et qui a dédié sa vie pour son art. Il peut maintenant se reposer tout en racontant des anecdotes savoureuses.

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Grand amateur de musique, je publie sous le surnom de Metalingus des articles sur le site spécialisé Nightfall in Metal Earth. Je suis également un fanatique du rétro-gaming et des jeux de société en tout genre.
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