Lorsque trois voix d’exception comme celles de Lulu Hughes, Luce Dufault et Kim Richardson s’unissent sur scène, on sait d’emblée que l’expérience sera marquante
Présenté à la Salle Albert-Rousseau, leur spectacle « Elles » est un vibrant hommage aux grandes années de la musique, plongeant le public dans un univers où se croisent le blues, le rock, le folk et la soul. Si le répertoire s’adresse avant tout à une génération ayant grandi avec ces classiques intemporels, l’énergie et le talent des trois artistes restent indéniables et sauront toucher même les néophytes.
Une soirée sous le signe de l’émotion et de la puissance vocale
Dès les premières notes, l’ambiance est donnée : un rythme blues-rock qui évoque les tournées de bars des grandes divas d’autrefois. En ouverture, elles entonnent « No More Tears (Enough is Enough) », plongeant immédiatement la salle dans un tourbillon de nostalgie et de puissance vocale. Leurs voix s’harmonisent avec une fluidité remarquable, démontrant une complicité musicale évidente.
Chaque chanteuse apporte sa propre couleur à la soirée. Kim Richardson, avec sa voix riche et profonde, revisite le classique « At Last », tandis que Luce Dufault nous fait vibrer avec « I Feel the Earth Move ». Lulu Hughes, de son côté, apporte une énergie brute et contagieuse avec « Just a Little Bit » et « Freedom ». Leur interprétation de « You Make Me Feel Like a Natural Woman » est un moment fort du spectacle, unissant leurs timbres dans une émotion palpable.
Des influences bien assumées
Le spectacle met en lumière les influences musicales de chacune. Lulu Hughes, fervente admiratrice de Janis Joplin, offre une interprétation magistrale de « Cry Baby », habitée par la fougue et la douleur qui caractérisaient l’icône du rock. De son côté, Luce Dufault confesse son admiration pour Etta James, se lançant dans une reprise enflammée de « Damn Your Eyes ».
Kim Richardson, elle, touche la corde sensible avec « His Eye Is On The Sparrow », livrant une performance poignante qui capte l’attention du public dans un silence presque religieux. Sa voix transporte et on sent toute son expérience acquise sur les scènes du monde entier.
Des anecdotes personnelles touchantes
Entre les chansons, les artistes prennent le temps de partager des anecdotes personnelles qui ajoutent une dimension intime au spectacle. Luce Dufault, par exemple, avoue en riant avoir déjà été groupie et pas pour n’importe qui : Peter Gabriel. Son interprétation de « Here Comes The Flood » est un clin d’œil à cette époque, un moment rempli de légèreté et de complicité avec le public.
Kim Richardson, quant à elle, évoque un souvenir marquant de son enfance : à seulement 7 ans, elle a chanté dans un bar à Toronto et a eu la chance de partager la scène avec Stevie Wonder. Ce moment magique refait surface dans sa voix lorsqu’elle interprète « Master Blaster », un morceau chargé de groove et de chaleur.
Enfin, Lulu Hughes se replonge dans ses souvenirs avec une interprétation lyrique tirée de « Il était une fois dans l’Ouest », avant d’exprimer l’amour de sa mère pour Elvis avec « Chanson pour Elvis ». Son énergie débordante et sa voix puissante donnent une toute nouvelle dimension à ces classiques.
Un final explosif
Après avoir enchaîné des moments de pure émotion avec « Un souvenir heureux » et « Qu’est-ce que j’ai fait au vent », le trio nous offre un medley électrisant qui fait lever la salle. On y retrouve des titres comme « My Heart’s on Fire », « Simply The Best » et surtout « I’m So Excited », une explosion d’énergie qui transforme la Salle Albert-Rousseau en véritable piste de danse.
Alors qu’une spectatrice crie « Vous êtes belles! », les trois artistes sourient, visiblement touchées par la réaction du public. Elles concluent en apothéose avec une reprise de « RESPECT », rendant hommage à Aretha Franklin et à toutes les femmes qui, comme elles, ont marqué la musique avec audace et passion.
Un spectacle pour les nostalgiques, mais pas seulement
Si « Elles » parle principalement aux amateurs de soul, de blues et de rock des décennies passées, il serait injuste de dire que le spectacle s’adresse uniquement aux générations plus âgées. Certes, les références et le répertoire toucheront davantage un public ayant grandi avec ces chansons, mais l’énergie et la qualité des performances sont universelles. Les voix de Lulu Hughes, Luce Dufault et Kim Richardson transcendent les époques et offrent une véritable célébration de la musique.
Soyons honnête, « Elles » est une expérience vibrante, sincère et magistralement interprétée. Entre puissance vocale, moments d’émotion et plaisir contagieux, je peux reconnaître que je n’étais pas le public cible pour cet événement mais qu’il s’agissait néanmoins d’un très beau moment autour de ces grandes voix féminines et à tout ce qu’elles représentent. Un rendez-vous incontournable pour les mélomanes et une magnifique démonstration de l’intemporalité de la bonne musique.
“Elles” continuent de sillonner le Québec. Pour plus d’informations sur les prochains spectacles, dirigez-vous sur le site de Productions Martin Clerc.