AVIS – The Last of Us Saison 1: À trop vouloir trop bien adapter, on peut finir par s’ennuyer

Daphnée Boucher-Mongrain
Daphnée Boucher-Mongrain
lecture de 19 minutes

Ce test contient des spoilers sur le 1er jeu et sur la saison 1.

Pour commencer, voici un petit historique de mon amour pour la franchise The Last of Us de Naughty Dog.

J’ai découvert le jeu en 2014 environ en regardant un Let’s Play de Frigiel sur YouTube. Je ne connaissais rien au jeu ni même aux consoles de cette génération, moi qui étais encore en train d’avoir ben du fun à Mario Galaxy sur la Wii. Je me souviens avoir été curieuse face au jeu car j’avais vu, dans un top 10 des scènes choquantes des jeux vidéo, la scène de mort de Sarah.

Et mon Dieu ! J’étais époustouflée. Je m’étais si attachée aux différents personnages, surtout avec celui d’Ellie, dont j’avais presque le même âge à l’époque. Son côté sassy et badass, aspect que j’affectionne particulièrement chez les protagonistes féminins dans les œuvres vidéoludiques, m’a fait tomber en amour avec. Je commençais justement à aimer les histoires sur les zombies et les infectés, tel que The Walking Dead, alors j’ai adoré l’univers de The Last of Us.

En 2016, environ, je me suis acheté une PS4 principalement pour essayer le jeu par moi-même. Et c’est un des jeux qui m’a fait tomber en amour avec cet art et qui a alimenté ma passion pour les jeux vidéo.

Et comment expliquer ma réaction lors de l’annonce du deuxième jeu ! Je pleurais devant mon écran. Je me souviens d’avoir utilisé mon cellulaire en classe pour regarder la bande-annonce présentant Abby et que la prof me chicanait, mais que je lui demandais juste deux minutes et qu’après, elle pourrait me punir. Je n’ai jamais autant attendu un jeu vidéo de ma vie. Je rageais après chaque délai, j’étais surexcitée à chaque nouvelle information.

Et le 19 juin 2020 est arrivé. J’avais dit à ma nouvelle job que j’étais prête à travailler seulement 4 jours plus tard afin d’avoir assez de temps pour y jouer. Je m’étais levée à 4 h du matin pour le commencer, et j’ai même dû me retenir pour ne pas y jouer à minuit et faire une nuit blanche.

Quand j’ai eu terminé le deuxième opus, j’étais sous le choc. Je me souviens d’avoir dit à mon copain que je ne savais pas si je l’avais aimé tellement il m’avait fait vivre des émotions douloureuses. Ça m’a pris du recul pour affirmer finalement que c’est mon jeu vidéo préféré, au-delà du premier titre, et que mon amour pour Joel et Ellie était d’autant plus intense.

À quoi ressemble aujourd’hui ma passion pour The Last of Us ? Des affiches dans ma chambre, des figurines partout, regarder du contenu lié à l’univers au moins une fois par jour et un projet de tatouage en lien avec le jeu en cours de réflexion.

Évidemment, j’attendais avec impatience une adaptation au grand écran. J’avais d’abord vécu l’annulation d’un film, et je pense que ce fut une bonne idée en raison de la longueur du jeu qui ne correspond pas au format cinéma.

Lorsque j’ai su qu’une adaptation par HBO, une chaine de télévision que j’affectionne particulièrement, était en cours, j’étais plus que ravie. J’ai suivi avec intérêt le choix de casting, les photos de making of, les différentes bandes-annonces, etc.

Et le premier épisode est apparu. Je ne me tenais plus, j’avais si hâte de retrouver mes héros sur mon écran ! J’avais envie de replonger dans le jeu, mais avec un nouveau médium, tout en m’apprenant de nouvelles choses sur l’univers si développé de la franchise.

Alors, voici mon avis sur la série en une phrase : HBO a tellement adapté fidèlement la série qu’il l’a rendue presque ennuyeuse.

Parfait, j’ai survécu à une critique qui n’est pas 100 % élogieuse. Disons que sur les réseaux sociaux, si tu oses critiquer un aspect de la série, tu reçois une nuée d’insultes et la même réplique : « Joue au jeu ! »

Ben justement, j’y ai joué. Souvent. Presque une dizaine de fois, je dirais.

Et la série était recopiée trop fidèlement sur le jeu.

D’abord, qu’est-ce qu’une adaptation ?

Une adaptation, selon la définition plate, est l’action d’adapter ou de s’adapter, avec toutes les modifications qui en résultent. Cependant, une adaptation cinématographique ou télévisuelle est un film ou une série tirée, dans ce cas-ci, d’un jeu vidéo.

Les adaptations à l’écran peuvent être libres, donc avec des détails ou évènements ont été changés, ou fidèles, donc qui reprennent l’œuvre originale dans les grandes lignes.

Parfois, trop s’éloigner de l’œuvre d’origine peut frustrer les spectateurs, car ils ne retrouvent les éléments qui les ont fait aimer le jeu ou le livre au début. Un exemple serait le film Super Mario Bros des années 90 qui, honnêtement, fait pas mal peur.

Mais, au contraire, copier l’œuvre originale peut décevoir car l’adaptation n’arrive pas à surprendre les amateurs. Et c’est le défaut de la saison 1 de The Last of Us : à vouloir copier le jeu, dialogue sur dialogue et plan par plan, ils n’ont pas réussi à agrandir l’univers. J’avais juste l’impression de voir les cinématiques du jeu avec des acteurs sans CGI. Je n’ai jamais été surprise, car je savais tout ce qu’il allait arriver, ou presque.

On pourrait me reprocher qu’il y ait eu du contenu additionnel dans la série, comme la relation entre Bill et Frank, ou l’origine de l’immunité d’Ellie, entre autres.

D’accord, c’est vrai. Mais je n’ai pas l’impression que ces éléments apportent grand-chose à l’intrigue, soit la quête d’Ellie et de Joel et leur relation.

À quoi ça sert de savoir que Bill a vécu des années heureuses avec son copain ? Surtout que ce n’est que le spectateur qui sait tout cela ; plusieurs grandes lignes dans leur intrigue sont inconnues aux personnages, à moins qu’elles ne leur aient été expliquées hors diégèse. Oui, le spectateur peut faire le lien que c’est une relation autant profonde que souhaite Joel avec Ellie. Je ne nie pas la beauté de l’épisode 3, ni sa grande cinématographie : seulement, en termes d’intrigue et d’apport à l’univers de The Last of Us, il n’y a pas grand-chose à en tirer. Et je ne peux m’empêcher de trouver cet épisode comme étant un « filler », même si je l’ai apprécié comme histoire indépendante. C’est objectivement un bon épisode, mais il semble être sorti de nulle part, de ne pas faire partie de The Last Of Us.

J’avais envie de découvrir d’autres pans de la relation entre les deux protagonistes. J’aurais voulu voir d’autres moments de rapprochement qu’on ne voit pas dans les jeux, d’autres éléments clés de leur évolution. Mais je n’ai eu que ce qu’on voit déjà dans le jeu. Je ne dis pas que ce n’est pas bien et que ce n’était pas intéressant ! En revanche, les joueurs connaissaient déjà toute cette partie de leur histoire.

Une adaptation signifie autant plaire aux amateurs de l’œuvre originale et des nouveaux spectateurs. Pour un nouveau spectateur, l’effet de surprise est présent durant toute la série, ce qui n’est pas vraiment le cas pour les anciens.

Ils ont repris tout ce qui marchait déjà bien dans le jeu, aux plans près. Je ne vois pas ça comme une grande prise de risque, au contraire. Tentez de nouvelles choses, comme de nouvelles intrigues, des changements inédits, de nouveaux angles de caméra lors de scènes clés ! Mais non. Je ne dis pas que ce n’est pas efficace, mais justement… ça l’était déjà dans le jeu.

Je sais ce que vous vous dites. Vous vous dites que j’ai détesté la série et que je n’apprécie pas l’adaptation. Au contraire : j’ai pleuré à chaque épisode, j’ai adoré retrouver mes personnages favoris et j’ai été ébahie devant les costumes sensationnels des infectés. Mais, selon moi, ils n’ont pas pris de risque, de peur de décevoir les amateurs du jeu.

Bon, parlons de la plus grande critique de la série, soit le nombre d’infectés.

On reproche beaucoup au petit bijou d’HBO de manquer d’action et de ne pas avoir assez d’infectés dans les scènes.

Mon verdict : les critiques ont 100 % raison.

« Mais voyons, c’est normal ! C’est à cause du changement de média. On est dans une série dramatique où ce sont les relations qui comptent, pas les monstres ! On ne peut pas retranscrire chaque moment de gameplay dans la saison ! Et ce qui compte dans le jeu, c’est les relations ! », peut-on me crier.

J’entends ce que vous dites. C’est vrai qu’on ne peut pas tout mettre à l’écran.

Mais revenons sur la notion d’adaptation. The Last of Us, qui fait une adaptation fidèle, reprend donc les grandes lignes du jeu vidéo. Et justement, un des aspects primordiaux du jeu, c’est la menace constante des infectés. On n’est jamais en sécurité, même lorsqu’on le pense. Cela crée de la tension et contribue à l’évolution de la relation entre les personnages, car ils doivent toujours se sauver l’un et l’autre et collaborer au risque de mourir. Pourquoi Ellie se rapproche-t-elle de Joel ? Car il la sauve de ce danger constant, en partie. Grâce à ses conseils de survie, aspect qu’on aborde peu dans la série, elle devient une meilleure survivante, et elle apprend à se connaître elle-même, et à connaître Joel.

Et revenons sur ce qui est une série télé. Oui, c’est un médium incluant beaucoup de dialogue, en général. Mais ce n’est pas ce qui définit la série. Elle peut être surtout démonstrative et rester quand même une série télé. Et justement, ces dernières ne sont pas que dramatiques : il y a plein de genres. Et pour moi, The Last of Us devrait être un hybride entre drame, action, suspense et horreur. Donc, il faut retrouver les codes de tous ces genres. Ce n’est pas supposé être seulement un soap opera.

Parlons de l’argument du genre dramatique. Je tiens juste à préciser que le genre de la série n’est pas inscrit sur le site officiel de HBO, donc on ne peut pas affirmer que le but des réalisateurs était justement d’en faire une série dramatique. Cependant, je suis d’accord pour dire qu’il s’agit en partie d’un drame. Mais d’un drame situé dans un monde postapocalyptique peuplé de monstres assoiffés de sang. Comment comprendre la difficulté de celui-ci si je ne vois qu’à peine ce qui a causé la perte de l’humanité ? C’est la présence des infectés qui a causé le drame, c’est le fait d’avoir une chance de soigner ces infectés qui mène l’intrigue. Or, on ne les voit vraiment que sur 3 épisodes sur 9, environ ? Je comprends presque Joel de ne pas sacrifier Ellie, car on ne dirait pas tant que les infectés sont si présents dans leur quotidien. D’ailleurs, ça a étonné Marlene à l’épisode 9 qu’ils aient survécu. Ben, pas moi : ils ont à peine rencontré des menaces, à part quelques pilleurs et une ou deux rencontres d’infectés. (Oui, il y a eu David, je le conçois.) Initialement, le jeu est de genre action-horreur. Les scènes d’action, je peux les compter sur les doigts de mes mains. S’ils voulaient faire une adaptation fidèle, ils auraient dû prendre en compte davantage ce qui a mis le monde en ruine.

Et plusieurs rencontres d’infectés manquent justement à la série : les nuées d’infectés et le bloater à l’école avec Bill, l’affrontement stressant avec David, mais qui aide à comprendre comment Ellie lui fait confiance, l’arrêt cardiaque d’Ellie à la fin causé par des souterrains en ruine et peuplés de monstres, la scène du générateur, etc. Je pense qu’on aurait pu couper du temps à l’épisode 3 pour rajouter des scènes d’action pour aider à mieux comprendre le lore. L’épisode 9 m’a semblé être tellement rushé : je me demande si les producteurs ont dû couper dans le temps pour des raisons budgétaires. À cause de cela, la relation entre les protagonistes m’a semblé forcée, un peu : elle évolue trop vite, on n’a pas le temps de comprendre ce qui leur a fait changer d’idée sur leurs émotions. 

Oui, j’ai surtout parlé de ce qui m’a déplu dans la série. Mais il y a tellement d’aspects positifs qu’il ne faut pas oublier : les jeux d’acteurs (chapeau à Bella Ramsey), le maquillage exceptionnel, les décors très réalistes, l’histoire qui marche quand même très bien, la musique envoûtante (même si j’aurais voulu plus de variation dans les musiques du jeu, qui se répète souvent à mon avis), et tellement plus.

Mais il faut apprendre à pouvoir critiquer la série justement. Je comprends ceux qui disent qu’elle est parfaite. J’aurais aimé être de ce même avis. Pour moi, à cause de tous les éléments ci-dessus, je ne peux pas la considérer comme un chef-d’œuvre, même si je l’ai bien aimé. Elle est loin du niveau du jeu vidéo.

Et sachez que vous avez le droit de ne pas l’avoir aimé. Et que vous avez le droit de l’avoir adoré aussi, d’avoir trouvé les changements extraordinaires ! Ce qui est important, c’est de respecter l’avis des autres et d’être à l’écoute. Je n’ai jamais vu autant de mauvaise foi que dans les réponses des critiques non dithyrambiques des gens. Et vous avez le droit de critiquer The Last of Us en ayant, ou non, joué au jeu de base. Et tous les arguments ont le droit d’être émis, et tous ont le droit d’être entendus.

Pour moi, il manquait un petit quelque chose à la série. Un petit quelque chose qui m’a fait adorer les jeux. Est-ce le manque d’infectés ? La longueur des épisodes ? Le manque de nouveautés ? Je dois encore y réfléchir, je n’ai pas encore digéré entièrement la série.

Ça reste une excellente adaptation, une des meilleures que j’ai vue, une très bonne série aussi. Mais, à cause de tout ce que j’ai dit, le dilemme moral de la fin perd de son côté déchirant. Et c’est la fin du jeu qui rend celui-ci si profond, à mon avis.

Et sinon, voici quelques changements que j’ai aimés, voire même plus que dans le jeu : les meurtres de Joel dans l’hôpital (avec la musique, c’était si puissant), les explications sur l’origine du cordyceps (parfait pour expliquer davantage le danger), le personnage de Joel (il est plus sensible et plus touchant), la joie de vivre d’Ellie (qui m’a plus fait plaisir que dans le jeu), et bien plus. 

Si je n’ai pas beaucoup parlé du positif de la série, c’est ce qui marche déjà dans la série… est présent dans le jeu. Je ne veux pas être redondante, alors imaginez ce qui est déjà bon dans le jeu, et c’est le cas dans la série. C’est pour ça que je suis concentrée sur ce qui est moins bon.

N’oubliez pas qu’à la base, on est juste un fandom. Que si on est là, c’est pour la beauté de l’univers, soit de la série et du jeu. Alors, continuons d’alimenter les discussions dans la courtoisie et dans le plaisir.

Sur ce, l’émission m’a donné envie de me replonger dans les jeux. Mon Dieu que j’ai hâte de voir la saison 2 et ce qu’ils vont en faire. Car pour une intrigue complexe, c’en est une.

The Last Of Us Saison 1

7.5

Appréciation générale

7.5/10

Pour

  • Le jeu d'acteur
  • Les décors
  • Les costumes
  • La trame sonore
  • La fidélité de la série au jeu

Contre

  • Manque de prises de risques
  • Trop fidèle à la série, justement
  • La trame sonore aurait pu être revisitée
  • Ça manquait clairement d'infectés
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Passionnée de jeux vidéo, de littérature, de cinéma et surtout de chats, j'essaie d'alterner entre ces intérêts tout en terminant mon baccalauréat en création littéraire et écriture scénaristique.
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