Après vous avoir livré mon avis sur le film Il était une fois 2, voici ma récente entrevue
Le film Il était une fois 2, de son nom anglais Disenchanted, sortait il y a quelques jours et je vous ai livré également mon avis sur celle-ci. Aujourd’hui, je vous livre mon entrevue complète en anglais avec le Co-directeur à la création, Todd Shaffer, ainsi que la talentueuse montréalaise Justine Desmarais, travaillant tous deux sur l’animation du film.
Patrick : Pour débuter, merci à vous deux d’être disponibles pour moi cet après-midi. Après avoir regardé le film Il était une fois 2, j’étais très heureux à l’idée de pouvoir discuter avec vous deux afin de savoir tout le travail derrière le film sur lequel vous avez planché. J’aimerais donc, comme première question, en savoir un peu plus sur ce que vous avez fait et ce que vous pensez de votre travail.
Todd Shaffer : J’étais le directeur créatif pour le film, j’ai donc fait la partie scénarisation de l’animation. J’ai supervisé et dirigé certains des animateurs. Désolé, je confonds parfois supervision et direction puisque je fais les deux.
P : Pourriez-vous me dire quelle est la différence entre les deux?
TS : En fait, la direction a une prise de décision plus créative en terme de, comment dire, vous savez c’est comme lorsque vous écrivez. Si vous faites partie de l’équipe du processus d’écriture, et que vous êtes capable de changer les choses, alors vous supervisez une équipe et implémentez la vision selon votre point de vue de direction. C’est un peu comme un croisement avec la supervision mais avec plus de pouvoir décisionnel. Bien entendu, lorsque vient le temps de gros studios, ils ont des règles syndicales et ce genre de choses, puis ça devient une question de salaire. C’est là que tout se complique et pourquoi je suis le directeur créatif. J’ai fait quand même beaucoup de supervision mais, honnêtement, ce n’est pas 100% clair pour moi.
P : Et quels ont été les enjeux pour le film? Après tout, je suis votre travail depuis longtemps et je sais que vous avez travaillé sur beaucoup d’animations comme Bob’s Burger et Looney Tunes Big League Beast entre autre et je me demandais quels étaient les enjeux pour Il était une fois 2 sachant qu’il n’y a pas beaucoup d’animation dans celui-ci.
Justine Desmarais : J’étais artiste pour Disenchanted et je faisais partie de l’équipe de design en tant que designer, principalement sur les personnages féminins alors principalement sur ces personnages et principalement sur la princesse Morgan. Ensuite, j’ai rejoint en tant qu’animatrice pour l’équipe d’animation. Dans le premier film, Enchanted, l’animation était faite par l’équipe de James Baxter et de son studio. Avec le génie de James et son grand talent, c’était un très grand défi que de poursuivre dans ses pas et, vous savez, tenter de proposer des produits d’aussi belle qualité.
Avec les limites artistiques strictes que nous avions et le fait que nous devions travailler avec de vrais acteurs. Nous avons dû travailler avec beaucoup de designs qui avaient déjà été mises en œuvre en termes de conception d’action en direct, et nous avons dû traduire cela en animation d’une manière qui fonctionnerait pour nous. Nous devions nous assurer de demeurer connecter sur le concept du vieux film et de le faire fusionner avec le nouveau. Il y avait donc beaucoup de va-et-vient pour essayer de trouver quelque chose qui conviendrait à l’action en direct, puis à notre univers à nous.
TS : En bref, le défi était principalement de suivre le travail de James Baxter et, maintenant sous la main d’Adam Shankman qui désirait que l’animation soit plus intégrée, nous avions vraiment beaucoup de va-et-vient pour s’assurer que les designs et la performance soient parfaits et qu’on ne sentent pas un effet de déconnection entre les deux mondes. Dans le premier film, tout était très “cartoony” tandis que le film actuel était surtout écrit comme un Live Action avec les subtilités des expressions et des émotions. Nous avons dû les porter d’une manière différente de ce qui avait été fait par le passé afin de faire fusionner les deux. C’était un défi d’essayer de résoudre ce problème car, en gros, c’était en quelque sorte s’éloigner d’Enchanted pour aller plus vers les sensibilités de Pocahontas, par exemple.
P : Pour des “gens normaux”, que faut-il pour être en mesure de travailler dans une entreprise comme la vôtre pour faire des films d’animations et travailler dans des animations comme cela comme emploi? Je sais, entre autre, que tu demeures à Montréal, Justine, alors qu’est-ce qui t’a amené à travailler dans ce monde d’animations pour Disney et Monsieur Shaffer?
JD : C’est simplement l’amour du dessin, et cela passe vraiment par l’amour d’observer le monde qui vous entoure, parce que c’est ainsi que vous arrivez à l’impression que vous connaissez les choses les plus fines comme les subtilités de la vie. Et c’est ce à quoi, quand tu fais de la bonne narration, comme nous, nous nous efforçons de faire un tonique. Vous devez vraiment être capable de canaliser ces subtilités, vous savez, dans la façon dont les gens se comportent et à quoi ressemblent les choses et comment les gens sont façonnés lorsque vous faites du design de personnage. Donc tu dois être vraiment curieux de ces choses et tu n’as qu’à suivre ta passion. C’est comme le travail de moine. Vous restez à votre poste de travail toute la journée et vous dessinez patiemment. Vous devez donc être très curieux et patient, et vous devez suivre ce rythme, tout simplement.
P : Super! Je ne voulais pas vraiment poser cette question, mais je sens vraiment que je dois le faire. Est-ce que la pandémie a apporté des inconvénients à votre travail à vous deux? À propos de la façon dont vous travailliez habituellement quand vous faites des films et des trucs comme ça, est-ce que ça affecte votre travail ou votre environnement autour de vous?
JD : Oui, beaucoup. C’est un travail très solitaire mais j’aime être dans un environnement social. Ça me motive beaucoup, tu sais. Avoir la constitution d’équipes et avoir cette expérience parce que vous ne pouvez pas le faire seul dans un film d’animation. C’est tellement de travail. Avoir la vision d’avoir tout le monde travaillant ensemble et être capable de parler de vos problèmes et d’essayer de trouver des solutions ensemble, c’est vraiment utile. Et lorsque vous travaillez en pleine pandémie via un ordinateur, vous en perdez beaucoup de cette chaleur humaine. Juste être capable de faire une blague, tu sais, et puis et puis être là physiquement pour aider, parce que dessiner c’est très physique au final, même si on le fait sur un ordinateur. Personnellement, je suis retourné en studio dès que j’ai pu.
TS : D’une certaine manière, cela m’a facilité la vie parce que j’ai eu des artistes dans douze différents fuseaux horaires à ce moment-là. Je surveillais constamment ce qui se passait. Je me réveillais le matin et la première chose que je faisais, c’était de regarder notre logiciel de suivi et voir qui avait fait des mises à jour et s’il y avait des questions. Puis, la dernière chose que je faisais à la fin de la journée, c’était de tout revérifier encore. Ainsi, je pouvais couvrir autant de fuseaux horaires que possible. Alors pour moi, ça a été très utile. Mais il y a une partie de cette camaraderie qui manquait et la possibilité de s’asseoir et de parler avec quelqu’un et de travailler avec lui était absent. Nous nous sommes adaptés avec la technologie afin que nous puissions accéder aux gens et être disponibles tout de suite afin de les aider. Nous sauvions en temps de trajet de toutes sortes comme ça. Ça a présenté de certains défis pour certaines de nos situations mais ça a également été utile dans d’autres cas.
P : Quel a été le plus grand moment pour le film?
TS : Le mien? La livraison! Haha! Non, en fait, ça a été la séquence d’ouverture avec le gros multi-plan long, c’était ma séquence à moi. J’étais très heureux de la façon dont le tout bougeait et la façon que le rendu a été proposé car tout cela allait un peu vite. Nous avons dû le réduire et l’accélérer pour pouvoir passer à l’action directe plus tôt, de sorte à faire bouger les caméras plus rapidement que je ne l’aurais souhaité. Mais, en bout de ligne, c’était vraiment une belle séquence.
Il s’agit de la séquence quand nous volons et suivons cet oiseau devant le château de Disney, puis il descend dans la ville, puis la forêt, pour trouver Bébé Giselle.
JD : Je dirais la même séquence car, comme Todd le mentionne, elle est très belle et l’équipe a fait un si bon travail dessus. Ça donne envie de rêver beaucoup à l’univers, et j’ai eu la chance de travailler dans la dernière partie de la séquence quand on voit tous les animaux se rassembler autour du bébé dans son panier. J’y suis arrivé. C’était beaucoup de travail, mais ce fut très enrichissant au final.
P : Dernière question pour vous deux : quel type de film ou d’animation aimeriez-vous absolument faire ou le plus grand film que vous aimeriez produire, que ce soit un film de la bibliothèque actuelle de Disney ou un tout nouveau film, comme, par exemple, une suite à Treasure Island?
JD : Ma réponse serait que si nous avions cette opportunité, il faudrait que ce soit gros. J’adorerais ça. Donc, si je devais, je travaillerais sur tout ce qui inclut des créatures et la nature et des contes folkloriques et des trucs mythiques. Vous savez, j’adore Frozen pour toute l’architecture et le paysage nordiques. Donc j’irais peut-être pour quelque chose comme ça.
TS : L’un de mes préférés est The Jungle Book, alors j’aimerais faire quelque chose comme cela pour ma part. Être en mesure de donner vie à des personnages d’animaux d’une manière aussi intéressante.
P : Qui sait, peut-être un film sur The Northern…
TS : The Northern Jungle Book, oui! Haha! Ça serait très original!
JD : J’adore l’idée!
P : Dans tous les cas, ça peut sembler un peu idiot comme façon de penser, mais je suis vraiment très content de voir des gens d’ici au Québec, de la province de Québec, puisse avoir la chance de travailler avec M. Shaffer et travailler pour Disney et montrer qu’on a beaucoup de talents ici au Québec et que nous ne sommes pas toutes dans une petite bulle naïve. Donc vraiment très heureux à ce sujet et bravo Justine. Et M. Shaffer, je ne le dirai jamais autant que je le voudrais mais j’aime vraiment votre travail. J’aime vraiment ce que vous faites et j’aimerai toujours la façon dont vous travaillez sur vos différents projets.
Merci à Disney Canada de nous avoir permis de rencontrer ces deux formidables personnes!