La fermeture prochaine des GameStop au Québec n’est pas une surprise pour quiconque a mis les pieds dans l’un de leurs magasins ces dernières années
Pour ceux qui ont encore en tête l’image de la boutique ultime pour les amateurs de jeux vidéo, où l’on pouvait passer des heures à fouiller dans les rayons à la recherche d’une perle rare, la réalité actuelle est tout simplement décourageante. L’exemple parfait de cette transformation se trouve au GameStop des Galeries de la Capitale à Québec, qui illustre à lui seul la lente disparition de l’âme même de ces magasins.
Un espace réduit, une offre dénaturée
Lorsqu’on pense à une boutique spécialisée en jeux vidéo, on s’attend à ce que les jeux occupent la place centrale. Pourtant, depuis son déménagement dans un nouvel emplacement au sein des Galeries de la Capitale, le GameStop a drastiquement réduit sa superficie, et avec elle, l’importance accordée aux jeux vidéo physiques. Désormais, lorsqu’on entre dans la boutique, on se retrouve face à un mur entier dédié aux jouets de licences de jeux vidéo, aux Funko Pop, aux figurines et aux statues d’animes et de mangas. Un autre mur est couvert de T-shirts, de hoodies et de divers objets geek comme des tasses, des stylos et autres babioles, alors que les véritables jeux vidéo se retrouvent coincés sur une petite portion du magasin.

Ce réaménagement crée un malaise instantané pour les amateurs qui viennent chercher un nouveau titre à ajouter à leur collection. L’intérêt initial s’estompe rapidement, car l’expérience de magasinage ne met pas du tout les jeux en valeur. Contrairement aux années précédentes où les rayons étaient bien garnis et où les nouveautés attiraient immédiatement l’œil, le GameStop d’aujourd’hui donne l’impression d’une boutique générique de produits dérivés qui vend également, et accessoirement, des jeux vidéo.
Une disposition peu engageante
La caisse, placée en plein centre du magasin, renforce cette impression de désorganisation. Plutôt que de guider naturellement le regard et l’expérience du client vers les jeux et les consoles, elle coupe la boutique en deux et ajoute à cette impression de fragmentation. Il ne s’agit plus d’un espace conçu pour les passionnés de gaming, mais plutôt d’un petit marché du geek où l’on doit presque faire un effort pour apercevoir les jeux en vente. L’effet est immédiat : on perd rapidement l’engouement pour acheter.
Des prix peu compétitifs et un manque de pertinence
Un autre aspect décourageant du GameStop d’aujourd’hui, c’est la question des prix. Les produits dérivés sont souvent très dispendieux par rapport à ce qu’on peut trouver ailleurs, notamment chez Walmart, Amazon ou dans d’autres boutiques spécialisées qui offrent souvent de meilleures promotions. Payer un surplus pour un simple T-shirt ou une figurine qu’on peut obtenir à moindre coût en ligne ne fait aucun sens, surtout dans un contexte où le pouvoir d’achat des consommateurs est mis à rude épreuve.

Quant aux jeux eux-mêmes, l’offre est non seulement réduite, mais elle manque aussi de diversité. Les consoles de génération actuelle y sont représentées, bien sûr, mais il y a peu de jeux usagés intéressants et encore moins de titres rares ou recherchés par les collectionneurs. L’expérience de magasinage chez GameStop n’a plus rien d’unique; elle est devenue fade et interchangeable avec d’autres commerces non spécialisés.
Une disparition inévitable
La fermeture des GameStop au Québec n’est donc que l’aboutissement logique d’une lente érosion de leur pertinence. En cherchant à se transformer en magasin de marchandises geek au détriment de leur essence première, ces boutiques ont aliéné leur clientèle de base sans pour autant attirer un nouveau public suffisant pour survivre. Les joueurs d’aujourd’hui préfèrent acheter leurs jeux en ligne, en version numérique ou via des plateformes comme Amazon, qui offrent souvent de meilleures promotions et un service plus efficace.
GameStop aurait pu survivre en misant sur une approche plus ciblée : proposer des éditions spéciales exclusives, renforcer son offre de jeux rétro, offrir des expériences de magasinage immersives avec des démonstrations et des événements pour les joueurs. Mais au lieu de cela, l’entreprise a choisi d’adopter une approche hybride et maladroite, diluant son identité au point de devenir une boutique sans âme, où l’on entre sans réel intérêt et d’où l’on ressort les mains vides.
La fin des GameStop au Québec n’est donc pas une surprise, mais elle reste tout de même une triste conclusion à une époque révolue. Ceux qui, comme moi, ont grandi en fréquentant ces magasins ressentiront une certaine nostalgie, mais au fond, cette fermeture était inévitable. Un magasin de jeux vidéo qui ne met plus les jeux en avant, c’est un peu comme un restaurant qui ne sert plus de repas : ça n’a plus aucune raison d’exister.