OPINION – Le mauvais signal envoyé par Phil Spencer chez Xbox

Patrick Tremblay
lecture de 6 minutes

Récemment, la communauté du jeu vidéo a été secouée par une série de décisions pour le moins controversées de la part de Phil Spencer, président de Xbox

Parmi ces décisions, nous y avons vu la suppression de 1900 postes suivie de la fermeture brutale, aujourd’hui même, de studios renommés tels que Arkane Austin, Tango Frameworks, Alpha Dog Games et Roundhouse Games. Ces mesures ne sont pas seulement des statistiques ou des noms sur papier car elles représentent une dévalorisation profonde des talents créatifs et une incompréhension flagrante des dynamiques qui nourrissent véritablement l’industrie du jeu vidéo.

Arkane Austin, connu pour des titres captivants comme Prey et le récent Redfall, a toujours brillé par son approche innovante des mécaniques de jeu et des narrations immersives. Leur capacité à repousser les limites du genre FPS et d’intégrer des éléments de RPG de manière organique dans leurs récits a souvent été saluée par la critique et adorée par une base fidèle de joueurs.

Tango Frameworks, anciennement Tango Gameworks, anciennement dirigé par le légendaire Shinji Mikami, a marqué les esprits avec des jeux comme The Evil Within et plus récemment, Hi-Fi Rush. Ce dernier, en particulier, a été acclamé pour son originalité et son gameplay rythmique, créant une expérience fraîche et divertissante qui a conquis le cœur de nombreux joueurs.

Alpha Dog Games et Roundhouse Games ne sont peut-être pas aussi connus, mais leur fermeture souligne une tendance inquiétante de sous-évaluation et de non-reconnaissance des petits studios qui, souvent, innove avec moins de ressources.

Ces fermetures ne sont pas simplement des réductions de coûts ou des ajustements stratégiques. Elles sont symptomatiques d’un problème plus profond chez Microsoft et Xbox : une focalisation croissante sur des “titres à fort impact” au détriment de l’innovation et de la diversité créative. Le succès phénoménal de jeux comme Hi-Fi Rush, qui a été lancé directement sur le Xbox Game Pass, illustre parfaitement cette problématique. Bien que cette stratégie puisse augmenter les abonnements et la visibilité à court terme, elle soulève une question cruciale : est-ce durable économiquement?

En plaçant des jeux comme Hi-Fi Rush directement sur le Game Pass le jour de leur sortie, Xbox prive ces œuvres de la possibilité de générer des ventes directes. Bien que cela puisse paraître attractif pour les joueurs, ce modèle menace la viabilité financière des studios qui mettent des années à développer ces titres. La gratification instantanée pour l’utilisateur final ne doit pas occulter les besoins économiques fondamentaux de ceux qui créent ces jeux.

De plus, en privilégiant les grands hits et les franchises établies, Xbox risque de stagner dans un océan d’homogénéité. L’innovation est souvent le fruit de petites équipes passionnées qui prennent des risques, pas de titans de l’industrie qui recyclent des formules à succès. La fermeture de studios comme Arkane Austin et Tango Frameworks envoie un message décourageant à l’industrie : peu importe la qualité ou l’originalité de vos créations, la survie n’est pas garantie.

Il est donc impératif que la communauté des joueurs, les développeurs et même les investisseurs réfléchissent à l’impact à long terme de telles décisions. Les actions de Phil Spencer, bien qu’économiquement justifiables dans une optique de gestion traditionnelle, pourraient bien s’avérer être un frein à l’essor créatif et à la diversité dans le monde des jeux vidéo. Si nous croyons en une industrie qui valorise la créativité et l’innovation, il est temps de repenser notre manière de soutenir et de financer les jeux. Le modèle actuel pourrait très bien mener à une homogénéisation préjudiciable, où la sécurité financière l’emporte sur l’art de la création vidéoludique.

Chose sûre, le responsable du marketing chez Xbox en 2023, Aaron Greenberg, avait lancé que le jeu Hi-Fi Rush était un “break out hit!” ou, si vous préférez, un “hit à tout casser!” et, pourtant, il semblerait que le jeu, nommé à cinq reprises aux The Game Awards et ayant gagné le prix “meilleur design audio” aux TGA et “meilleure animation” au BAFTA, n’avait pas atteint les attentes financières de l’entreprise.

Est-ce là une campagne publicitaire mensongère de la part de l’entreprise? En sera-t-il de même pour le très attendu Hellblade 2? Est-ce qu’Arkane Lyon doit serrer les fesses en espérant que le jeu de l’univers du chasseur de vampire Blade réponde aux exigences financières de l’entreprise malgré qu’il sera probablement lancé sur le Xbox Game Pass dès sa sortie?

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Père de famille, gamer, chroniqueur pour Métro Média, développeur de jeu indépendant et programmeur dans la vie de tous les jours : j'initie mes enfants au plaisir du gaming avec les classiques des anciennes générations ainsi que les jeux récents.
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