OPINION – Recours collectif contre Fortnite autorisé

Patrick Tremblay
Patrick Tremblay
lecture de 8 minutes

La Cour Supérieure du Québec autorise une action collective contre Epic Games et son jeu vidéo Fortnite suite à la dépendance engendrée par le jeu

Selon TVA Nouvelles, il semblerait que les avocats montréalais de la firme CaLex Légal sont d’avis que le jeu crée une dépendance chez certains joueurs.

Bien entendu, le jeu est accusé de générer une dépendance, un peu de la même façon que l’alcool, la drogue, le tabagisme ou autre. Dans les cas proposés, nous entendons ici parler des parents de deux enfants, l’un de 10 ans et l’autre de 15 ans, accros à ce jeu coopératif de tir et de survie offert gratuitement.

Dans la demande déposée en 2019 et maintenant autorisée par la Cour Supérieure du Québec, ils parlent du fait que le premier, âgé de 10 ans, a joué 1891 parties depuis décembre 2018 jusqu’à la date du dépôt de l’action collective. Ceci aurait amené le jeune à avoir des conflits avec ses parents et l’aurait même amené à parler de façon agressive et vulgaire. De plus, il a dépensé pour 600 $ pour acheter divers accessoires dans le jeu.

De son côté, le plus âgé des deux aurait participé à 7781 parties et ce, en moins de deux ans. Il aurait joué quotidiennement à Fortnite au minimum trois heures par jour, ce qui a eu un impact majeur sur la quantité et la qualité de sommeil du jeune.

Selon la demande, les parents n’avaient aucune idée des conséquences dommageables de Fortnite pour leurs fils et que s’ils avaient été informés par Epic Games des risques et des dangers, ils auraient refusé que le jeu soit téléchargé ou auraient été plus vigilants sur le temps de jeu accordé.

La publicité aussi ciblée par le recours

Selon l’article 248 de la Loi sur la protection du consommateur, nul ne peut faire de la publicité à but commercial destinée à des personnes de moins de 13 ans. Comme le plus jeune était âgé de 10 ans lors de ses achats, ils demandent également le remboursement intégral de la part d’Epic Games.

En revanche, Epic Games pourrait très bien rétorquer, ici, qu’ils sont dans leurs droits puisque le jeu est coté Teen auprès de l’Entertainment Software Rating Board (ESRB) qui stipule donc que le jeu est 13 ans et plus.

C’est bien beau de tout mettre sur le dos du jeu, il y a quand même des limites

Voilà où moi, en tant que parent de deux adolescents, j’interviens dans la situation actuelle. Je ne comprends pas comment un parent, qu’il soit néophyte ou pas de ce que sont les jeux vidéo, puisse trouver le moyen de blâmer le concepteur d’un jeu pour les risques de dépendances que ceux-ci peuvent occasionner.

Dans la vie, il est possible de devenir dépendant de n’importe quoi : le tabagisme, l’alcool, la drogue, les boissons énergisantes, les sodas, l’affection, etc. En fait, pour ceux qui ne connaissent pas les phénomènes de la dépendance, c’est très léger comme explication mais voici une façon de voir : la dépendance survient lorsque le cerveau effectue une tâche agréable puisqu’il sécrète de la dopamine ou, si vous préférez, l’hormone du bonheur. Lorsque la personne n’en sécrète pas ou peu, elle tentera de trouver une façon d’en obtenir et, ainsi, viendra s’ancrer dans un cercle vicieux qui crée cette fameuse dépendance.

Le rôle d’un parent est de s’assurer de bien de ses enfants. Sans vouloir juger les parents qui font partie de ce recours collectif, je me pose la question primordiale suivante : où étiez-vous quand il était temps de mettre un frein au jeu?

  • Votre enfant se couche à 1h00 du matin parce qu’il joue à Fortnite? Pourquoi vous ne l’avez pas fait arrêter avant?
  • Votre enfant veut dépenser tout son argent dans son jeu? Pourquoi ne pas lui avoir parlé sur le fait de ne pas gaspiller tout son argent dans le jeu?
  • Votre enfant voit une chute de ses notes scolaires? Pourquoi ne pas avoir coupé les temps de jeu pour les lui remettre comme cadeau de performance une fois le tout rétabli?
  • Votre enfant ne vous écoute tout simplement pas et se fout des sanctions? Pourquoi ne pas avoir retiré les consoles? Il les récupèrera quand il aura compris!

La dépendance est un fléau, certes, mais la première ligne de front pour tenter de vaincre le tout se trouve devant la personne qui a ces dépendances. C’est à vous, surtout s’il s’agit de vos enfants et qu’ils sont mineurs, de vous intéresser à ce qu’ils font et à mettre le frein ou à tirer sur la bride quand c’est nécessaire, c’est même votre rôle principal de veiller au bon développement de vos enfants.

Quand je lis qu’un enfant passe “trois heures par jour” à jouer à des jeux vidéo, que ce soit Fortnite ou autre, ça me donne sincèrement la chair de poule car je me dis “Où est-ce qu’on s’en va avec une société où les parents ne sont même plus en mesure de gérer leurs propres enfants?”

Bien entendu, il y a des cas extrêmes! Mais il y a aussi des cas légers qui, eux, auraient pu éviter de devenir plus lourds, voir extrêmes, s’ils avaient eu des plans d’intervention avec les parents bien avant qu’il soit trop tard.

  • Mon enfant voudrait dépenser tout son argent sur Fortnite? Je dirais “Non” et lui expliquerais pourquoi!
  • Mon enfant voudrait jouer trois heures à tous les soirs à son jeu? Désolé, tu as des devoirs, des leçons et tu as de l’école demain. Tu joueras ce weekend s’il ne fait pas beau.
  • Mon enfant ne voudrait pas obéir à ces règles simples? Désolé, je coupe l’accès à tes consoles via les contrôles parentaux et je vais placer des périodes précises où tu pourras jouer si tu le mérites.

Certains diront peut-être “On sait bien, tu ne vis pas le problème pour comprendre ce qui en est vraiment!” et je vous répondrai que vous avez probablement raison, je ne le vis pas parce qu’ils ont déjà une structure qui leur est adéquate en ce moment.

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Père de famille, gamer, chroniqueur pour Métro Média, développeur de jeu indépendant et programmeur dans la vie de tous les jours : j'initie mes enfants au plaisir du gaming avec les classiques des anciennes générations ainsi que les jeux récents.
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