TEST – Animalcatraz

Sébastien Boisvert
Sébastien Boisvert
lecture de 16 minutes


Incarnez de féroces détenus et luttez pour le contrôle de la prison !

Nom du jeuAnimalcatraz
ÉditeurZeronimo Games
Type de jeuChoix d’action
Placement d’ouvrier
Combat
Collection de cartes
Progression de personnage
LangueFrançais et Anglais
Âge14+
Durée de partie90 – 120 minutes
Nombre de joueur(s)2-8
Public cibleAmateur d’améritrash
Joueurs intermédiaires

Cette prison est trop petite, il est temps de faire le ménage ou du moins de montrer qui est le patron ici ! Si vous ne croyez pas en vos chances de le faire par la force, vous n’avez alors qu’une seule autre option, s’évader ! Vous êtes donc un détenu qui sait qu’un jeu de pouvoir aura lieu dans 2 jours. Vous devez soit devenir le plus fort ou quitter les lieux avant qu’il ne soit trop tard.

Vous devez corrompre les gardes, prendre des forces, étudier pour devenir plus intelligent, ramasser des objets, voler d’autres détenus, challenger leur autorité, vous attaquer aux autres détenus et vous approcher d’un des deux plans de victoire possibles. Éliminer les autres ou s’évader dès que possible.

Peu importe votre choix, tous les coups sont permis, et une seule loi prime : celle du plus fort !

Description

Dans Animalcatraz, on joue un détenu qui possède une information privilégiée. Dans 2 jours, gros maximum, il va y avoir une émeute et le détenu le plus fort deviendra le boss de la prison. Vous avez donc deux choix. Soit vous tentez de devenir le plus fort possible ou vous tentez de vous échapper.

Peu importe votre choix, vous aurez à développer votre personnage pour arriver à vos fins. Lors de la mise en place, vous recevez 2 personnages au hasard et vous pouvez voir dans quel domaine ils excellent pour finalement en choisir un. Il se peut que ce soit un animal féroce ou un animal plus intellectuel. Vous devez donc adapter votre stratégie en fonction du personnage que vous aurez choisi.

Lorsque la partie commence, on doit dépenser des points d’actions pour se déplacer, faire des actions, ramasser des cartes et développer notre personnage. C’est un peu comme un jeu de rôle ou un jeu vidéo, notre personnage gagne des statistiques et des items qu’il peut ensuite utiliser pour arriver à ses fins. Il y a deux statistiques : la force qui sert dans les combats et la ruse, qui sert pour voler et pour corrompre les gardes. La corruption des gardes est vraiment importante, car s’ils sont sur une case action, il est impossible de la faire, sauf si le garde est à notre service.

Car, en effet, lors de nos déplacements, on va dans des pièces. Que ce soit le court central, l’infirmerie, la bibliothèque, la cafétéria et autres pièces thématiques d’une prison. Quand on entre dans cette pièce, il y aura toujours un choix d’actions. Ces actions permettent d’avoir des cartes, d’augmenter ses statistiques et de faire ce qu’il faut pour avancer l’un de nos deux plans. Gagner par la réputation et la force ou s’évader avant les autres.

Si on croise un autre détenu (un autre joueur), on peut s’arrêter pour le voler, pour le tabasser ou même pour l’insulter. Si on insulte le joueur, il doit venir rétablir sa réputation par la force avant la fin du tour, sinon il reçoit une pénalité. (Il est d’ailleurs recommandé de vraiment lâcher une insulte pour faire rire les joueurs et dire clairement qu’on insulte le détenu).

Quand il y a un conflit, le système est très simple. On lance un dé, on additionne les bonus donnés par les cartes et par nos statistiques et si on a plus que notre adversaire sur le décompte final du dé plus bonus, vous gagnez. Un point intéressant, c’est que comme on est en prison, il est difficile de savoir si un détenu cache une arme et de quelle puissance. Il arrive qu’on se fasse surprendre et la surprise ne sera pas sans réaction de part et d’autre.

Pour éviter de se faire voler ou attaquer, on peut aller dans un coin de la prison où le garde interdit la baston. C’est stratégique et permet de faire des grimaces à plus fort que soi. Bon, sauf si le détenu ne corrompt pas le gardien et arrive tout de même à te faire licher ton propre cul. Il est possible aussi de cacher du matériel dans notre cellule et seul un être intelligent aura des chances de venir se servir de nos affaires. Comme les brutes sont souvent cons comme des couilles, on bénéficie d’une certaine sécurité, mais faite attention, mise au pied du mur, même une grosse brute peut devenir plus intelligente ou/et chanceuse, donc il ne faut pas mettre tous nos œufs dans le même panier.

On joue donc tour après tour, on fait nos actions, on se prépare pour le grand final où on essaie de s’évader. Pour s’évader, il faut une carte Plan d’évasion et il faut aller sur une case spéciale. De plus, il ne doit pas y avoir de gardien sur la case, à moins de l’avoir corrompu. Si on tente de s’évader, il faut réussir 2 jets. Un de force et l’autre de ruse. Le niveau de difficulté du jet est élevé, mais si on s’est entraîné comme il faut et qu’on a ramassé les objets qui donnent des bonus, il est alors possible de réussir ces deux jets. Si c’est le cas, le premier à s’évader gagne la partie.

Sinon, si la réputation d’un joueur atteint son point culminant ou si 2 jours entiers de 5 phases passent, il y a alors une émeute où tous les détenus se retrouvent dans la pièce du joueur le plus fort en réputation et il s’ensuit une bataille royale où le plus fort sortira victorieux, maintenant maître des lieux.

Le jeu a un thème fort, avec beaucoup d’interaction, d’attaque contre les joueurs et surtout de testostérone. Il faut du guts pour survivre dans Animalcatraz ou être assez intelligent pour savoir qu’il ne faut pas y rester.

Public ciblé

Animalcatraz est un ameritrash pur et dur, sans aucune subtilité et ça ne joue pas dans la dentelle. On a beau être des animaux, on n’est pas des calinours. Le thème est dur et on n’est pas là pour jouer pacifiquement. Il faut voler, insulter et tabasser pour progresser. Un jeu qui s’assume pleinement et qui demande aux joueurs d’être prêts pour une expérience ludique avec énormément d’interaction et d’attaque contre les personnages. Le public ciblé est clairement un public averti, adulte et aimant les jeux avec une thématique forte. Il faut aimer les dés, il faut aimer pousser sa chance et il faut aimer les jeux avec du combat et des conflits. Ce jeu n’est pas pour les joueurs euro qui haîssent la chance, il a été pensé et dessiné dans le but de pouvoir se taper dessus et avoir du plaisir en le faisant. Donc, fan de jeu Améritrash, vous serez servis !

Ce que j’ai aimé

  • Je suis vraiment impressionné par le design graphique incroyable de ce jeu. La prison, les cartes, les détenus, les fiches de personnages et tout le matériel sont d’une beauté exceptionnelle. Tout pour coller au thème, pour nous embarquer dans le jeu et pour plaire aux yeux. Un travail phénoménal.
  • Le côté jeu de rôle, ou du moins la progression du personnage par des statistiques et des cartes de capacité et d’objets, c’est amusant et on a l’impression d’avancer et de devenir plus fort.
  • Le thème sort vraiment bien, on se croirait en prison et si on embarque dans le thème, on est vite inspiré à jouer notre personnage, à avoir des réactions en fonction de son histoire et de qui il est. On a eu plusieurs fous rires à cause du coup fait en lien avec nos personnages et même par notre rôleplay.
  • Le système se veut simple, donc tu n’es pas toujours en train de questionner tes actions.
  • Le système qui te permet d’insulter un détenu et qu’il doit redresser la situation est vraiment intéressant. Non seulement ça peut l’obliger à changer ses priorités, mais ça permet aussi de chercher le trouble thématiquement avec un avantage règle. Chaque fois qu’un joueur sortait un commentaire venu de nul part pour dire une insulte, on riait à chaque fois. Une bonne idée.
  • J’aime le fait qu’on lance deux dés pour tous les tests. L’écart entre 2 et 12 peut être assez élevé pour donner une chance à un autre joueur qui est moins fort dans ses statistiques afin d’avoir une victoire surprise, ce qui crée encore de fortes réactions autour de la table. Que ce soit une carte cachée, un objet non prévu ou un gros jet versus une grosse statistique mais qui a un faible jet, c’est ce qui rend le jeu excitant.

Ce qui peut déplaire

  • Malgré tout, un joueur qui prend le dessus et qui peut tabasser tout le monde sans opposition, ça peut gâcher la partie. Ce n’est pas la faute du jeu, mais si un joueur devient super dominant sur la grosse dope frenzy et qu’il peut faire plusieurs actions supplémentaires par tour, il peut détruire toute chance de victoire pour les autres joueurs en 1 tour. Ça fait partie du jeu, il faut savoir vivre avec ou voir à ne pas laisser un joueur devenir trop fort.
  • La malchance peut rendre la partie pas mal longue pour des joueurs qui n’arrivent pas à ramasser d’objets pour s’échapper et qui n’arrivent pas à suivre l’évolution du groupe. Leur seule option est de s’évader et, souvent, le manque de statistiques poussera vraiment trop la partie vers la grosse chance. S’ils échouent, la partie est terminée pour eux et les autres pourront pas mal faire ce qu’ils veulent.
  • Le jeu se veut sans pitié, ce qui colle vraiment au thème, cependant ça peut gâcher la partie de certains joueurs. Il faut aimer le conflit et l’interaction forte.
  • Quand tu perds un combat, tes items finissent à l’infirmerie, mais toi, tu te retrouves dans ta cellule. Donc, si tu avais sur toi les items nécessaires pour ton évasion, tu dois aller les chercher à l’infirmerie, ce qui laisse un message clair aux autres joueurs qui pourraient très bien t’attaquer à nouveau pour t’empêcher de t’évader et t’obliger à retourner encore et encore à l’infirmerie. Ça fait partie de la stratégie et des risques, mais pour certains, ça sera très frustrant.

Ce que je n’ai pas aimé

Je ne suis pas le plus grand fan de jeu de type Améritrash, mais de temps en temps, j’aime bien y jouer en prenant le tout le moins au sérieux possible. Le système d’action et de priorité fait en sorte que tu ne peux pas intimider ou tabasser tous les joueurs tout le temps, car tu finis par te faire prendre dans le détour. Par contre, pour moi et un autre joueur, vers le milieu de la partie, il était évident qu’on ne pouvait pas gagner. Un gros coup de chance d’un des joueurs avait détruit mon plan et une énorme malchance d’un des joueurs a détruit sa partie pour le reste du temps de jeu. Le problème n’est pas au niveau de cette malchance ou chance, j’en ai déjà parlé dans Ce qui peut déplaire. Le jeu s’assume et je ne peux pas lui reprocher. Cependant, j’aurais aimé avoir un moyen de rester dans la partie, de me foutre de ce qui était arrivé et de pouvoir continuer à avoir du fun. Mais quand j’ai vu que c’était impossible de m’évader (mes items étant à l’infirmerie) et que je n’étais pas assez fort pour gagner un combat, j’ai juste eu hâte que la game finisse. Ce qui me déçoit, car 80 % de la partie, j’ai du gros fun. J’aurais aimé que ce soit tout au long de la partie. Mais encore, l’autre joueur lui a dû avoir 120 % de fun, car son move était vraiment dominant et bien exécuté. Donc, à prendre pour ce que c’est. C’est fun quand tu gagnes, mais quand tu perds…

Le « Gamer’s Spot »

Le jeu comprend une version de base et avancée. J’ai eu la chance de voir un peu ce que propose la version avancée et c’est clairement fait pour les gamers qui aiment la confrontation et une certaine gestion de ses cartes. Ça reste un jeu améritrash et il faut un groupe de jeu qui aime ce type de jeux. Si vous êtes fan d’euro et avez une haine des dés, ce jeu n’est pas fait pour vous. Sinon, si vous aimez les jeux de duel, de combat, de joueurs contre joueurs et de conflits intenses, ce jeu saura satisfaire votre soif de violence et de confrontation. Même si le jeu n’est pas super compliqué, il contient assez de croquant pour satisfaire un Améritrash Gamer solidement.

Un énorme “MERCI” à Alain Matte pour le prêt du jeu de société!

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Sébastien Boisvert (Morteigan sur BGG), est un passionné de jeux de société depuis plusieurs années. Il a commencé à jouer plus sérieusement en 2016 et a accumulé une collection de plus de 400 jeux allant des jeux pour ses enfants aux jeux pour gamers. Il partage déjà son avis régulièrement sur son groupe personnel de jeux de société depuis trois ans et il a plus de 800 commentaires sur Board Game Geek. Il aime tous les styles de jeux en général mais a beaucoup de réserve pour les jeux mal balancés, de Take-That inapproprié et pour les jeux de chance uniquement. Toujours prêt à jouer, il se fait un plaisir de découvrir de nouveaux jeux ou de rejouer ceux qui l’ont fait sourire.
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