TEST – Gerda: A Flame in Winter

Nathan Fillion
Nathan Fillion
lecture de 11 minutes

Dans un petit village bucolique au cœur du Danemark, revivez les horreurs de la deuxième guerre mondiale au travers des yeux d’une héroïne hors du commun.

Gerda: A Flame in Winter est un jeu de rôle et d’aventure multi-plateforme développé par PortaPlay et publié par DON’T NOD. Nous sommes au Danemark en février 1945. La guerre est presque finie mais votre combat est sur le point de commencer. Vous incarnez Gerda Larsen, une jeune infirmière déchirée entre sa communauté et sa quête désespérée pour sauver son mari, Anders. De nombreuses autres vies dépendent de vos décisions. Ce petit jeu “indie” vous amènera à prendre des décisions déchirantes qui affectent le cours de l’histoire et le destin de plusieurs personnages.

Un jeu de rôle léger avant tout

Malgré le thème lourd de la Deuxième Guerre mondiale, Gerda: A Flame in Winter se veut un jeu d’aventure de type “pointer et cliquer” relativement léger en termes de mécaniques. Détrompez-vous : léger ne veut pas dire sans profondeur. La richesse de Gerda: A Flame in Winter réside dans son histoire bien tissée et ses personnages pour lesquels leurs destins nous font sourire, rager ou même pleurer.

Gerda Larsen est fille d’une mère danoise et d’un père allemand. Une double nationalité qui la déchirera tout au long du jeu dans ses choix. L’histoire débute à Noël en 1941 au moment où Gerda revient de ses études en soins infirmiers. Elle est sur le point de marier son copain Anders et de s’établir avec lui à Tinglev, petit village bucolique au centre du Danemark. L’histoire fait ensuite un bond de 4 ans et les jeunes tourtereaux vivent d’amour et de simplicité en plein cœur de l’occupation allemande qui est merveilleusement détaillée dans la narration que Gerda procure avant le début de l’intrigue principale. Anders, qui est mécanicien et impliqué dans la résistance danoise à la grande ignorance de Gerda, se fera capturer par la Gestapo. Débute alors l’aventure désespérée de Gerda qui voudra à tout prix sauver son mari et le serrer à nouveau dans ses bras.

Toute au long de notre quête, nos interactions avec les différents personnages sont ponctuées de choix qui dictent le déroulement de l’histoire. Ces choix influencent notre réputation auprès de la nation allemande ou danoise et le degré d’amabilité avec les personnages non-joueurs (PNJs) que nous rencontrons. C’est l’un des aspects de ce jeu qui laisse le plus sa marque. Il vous arrive plusieurs fois de bien réfléchir à vos choix (il peut y en avoir deux, trois ou même quatre) sans devoir y passer 15 minutes à chaque fois. C’est fluide et il y a des répercussions sur les futures options disponibles, un aspect mémorable du jeu.

À plusieurs occasions, certains choix nécessitent de consommer de l’énergie mentale qui est divisée en trois catégories: compassion, intuition et intelligence. Ces points d’énergie sont en quantité limitée et la seule façon d’en obtenir est par les choix réalisés en cours de partie. Par exemple, lors de la phase de journal intime durant chaque interlude. Certains choix sont soumis à la chance du lancer de dé et la difficulté est établie par un code de couleurs. Bien que le lancer de dé n’est visuellement pas implanté et qu’il se produit en arrière-plan, cet aspect du choix rappelle que c’est le destin qui choisit le résultat.

Au sujet de l’exploration, entre chaque interlude que les 5 jours du récit vous propose, vous devrez composer avec des choix de visiter certains lieux au sein du village de Tinglev. Ces derniers proposent des quêtes : d’autres sites deviendront alors inaccessibles, vous obligeant à vivre l’histoire selon les choix que vous allez prendre. Encore une fois, le sentiment de jouer un rôle sur le dénouement se fera sentir et donnera tout son sens au destin que vous réserverez à Gerda et à ses proches.

La mécanique d’inventaire est très légère dans Gerda: A Flame in Winter puisque le jeu préfère se concentrer sur la simplicité de donner accès à certains choix d’interactions par l’utilisation d’objets trouvés tout au long de votre exploration. Il n’y a aucune gestion d’inventaire, ce qui contribue à la légèreté de son côté jeu de rôle.

Par ici les graphismes de consoles…

Malgré les bonnes intentions, l’aspect visuel de Gerda: A Flame in Winter n’est clairement pas le côté le plus fort du jeu. La direction artistique correspond à l’esprit léger du gameplay. L’objectif de créer un jeu multiplateforme y est pour beaucoup, mais l’emphase est portée sur le contenu plutôt que le contenant.

Le jeu est coloré et évoque bien l’ambiance d’un village nordique en temps de conflit mondial. Offrant un look quasi-pastel délavé, il détonne avec d’autres titres du même style. Toutefois, là ne réside pas la force de Gerda: A flame in Winter : la présentation se marie tout de même bien au thème sans prendre toute la place. Certains moments de l’histoire sont parsemés de croquis dessinés à la main comme si nous fouillions dans une journal intime ou un scrap book. Ces interludes évoquent bien les sentiments que l’héroïne vit et je salue l’initiative. Toutefois, ceux recherchant un graphisme digne de jeux AAA risquent d’être déçus.

La narration à son comble

Les interludes entre chaque segment de l’histoire sont présentés sous forme de journal intime que Gerda vous présente. Vous devrez ensuite choisir comment Gerda réagit et complète son entrée dans ledit journal. Chacune de ses interventions est narrée à notre plus grand plaisir. Le talent de la voix de l’héroïne est remarquable et elle fait vivre ses émotions par son ton. Sans tomber dans les clichés, cette petite attention ajoute à l’attachement que nous développons pour Gerda.

Du côté de la trame sonore, celle-ci est très légère et rappelle le film “Le pianiste”. C’est très émotif et nous berce dans le récit de façon sublime. D’ailleurs, le studio offre la bande-son sur la page Steam, elle qui contient 7 pistes orchestrées au piano. Pour les fans, c’est une belle attention.

Une longévité à mesure variable pour Gerda: A Flame in Winter

Bien que nous puissions prendre un certain moment avant de prendre des décisions lorsque celles-ci se présentent, le jeu Gerda: A Flame in Winter peut être complété assez rapidement. D’une durée de 7 à 10 heures pour la campagne de base, il offre un incitatif à recommencer pour réaliser des choix différents et vivre de nouvelles conclusions pour certains personnages.

Les joueurs et les joueuses « complétitionnistes » y verront un intérêt, mais pour la majorité, la première fin que vous obtiendrez sera la plus satisfaisante. Pour le prix de 25,99 $, je crois que nous aurions pu avoir un peu plus de contenu.

Du contenu téléchargeable, ah oui? Pourquoi pas?

Le contenu téléchargeable – Liva’s Story – ajoute près de 3 à 4 heures de contenu en développant l’histoire d’un personnage secondaire très présent dans l’histoire principale. Racontant l’histoire de Liva, chef de la résistance, le contenu téléchargeable se déroule quelques années avant le jeu de base et se termine quelques jours avant le début de la trame narrative de celui-ci. Il innove en rien au niveau des mécaniques et ne fait qu’approfondir l’histoire déjà riche de ses personnages.

Pour ceux et celles qui veulent connaître davantage ce personnage-clé du récit principal, il répond à cet aspect. Le contenu téléchargeable est disponible depuis le 23 mai dernier et se détaille à 7,79 $. Comme le jeu de base, le prix est selon moi légèrement trop élevé pour le contenu qui est offert et aurait pu être inclus dans le jeu de base. Toutefois, il n’en vaut pas moins la peine.

Verdict

Gerda: A Flame in Winter plaira aux fans de jeux d’aventure en quête d’histoires riches en décisions où le sort des personnages importe coûte que coûte. Je ne mentirai pas, quelques moments m’ont donné le trémolo suite à certaines décisions au cours de l’histoire. Pour un jeu vidéo, ce n’est pas tous les jours qu’on peut vivre cette profondeur. Si l’époque et les intrigues se déroulant pendant la Deuxième Guerre mondiale vous intéressent, je vous le conseille fortement.

Nom du jeuGerda: A Flame in Winter
Date de sortie1er septembre 2022
DéveloppeurPortaPlay
ÉditeurDON’T NOD
PlateformesNintendo Switch et PC (Steam)
GenreAventure
Mode de jeuSolo
LangueMultilingue (français pour l’interface et les sous-titres)

8

Graphismes

6.0/10

Bande-son

8.0/10

Jouabilité

9.0/10

Scénario

10.0/10

Durée de vie

7.0/10

Pour

  • Histoire poignante et personnages attachants
  • Narration immersive et de qualité
  • Trame sonore mémorable
  • Conception légère et relaxante

Contre

  • Graphismes et direction artistique simplistes
  • Durée du jeu versus le prix une peu décevante
  • Peu d’incitatifs pour la rejouabilité après avoir complété l’histoire de base
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Nathan Fillion est un véritable passionné de jeux de société depuis plus de 25 ans, avec une collection diversifiée de plus de 350 jeux, couvrant une large gamme de mécaniques ludiques. Directeur des Ressources Humaines dans un studio de jeux vidéo à Québec, il nourrit également une passion profonde pour le jeu vidéo depuis son enfance. Son expérience en tant qu'animateur à la Revanche a considérablement enrichi sa collection de jeux tout en lui apportant de nouvelles perspectives ludiques. En tant qu'organisateur du “Boardgame Club”, il anime fréquemment des discussions en ligne sur les actualités et les sujets liés aux jeux de société, partageant ainsi sa passion et son expertise avec une large communauté de joueurs. Nathan est également un contributeur régulier au podcast du Bêta-Testeur, où il partage son amour pour le monde ludique avec un public toujours plus large.
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