Replongez dans les années 90 et revivez la nostalgie de la caméra-cassette
Le nouveau studio Don’t Nod Montréal lance une toute nouvelle franchise avec Lost Records: Bloom & Rage. Publié par la branche éditoriale de Don’t Nod, la partie Tape 1 est sortie le 18 février sur Windows, PlayStation 5 et Xbox Series X/S. L’histoire suit quatre anciennes amies qui, après 27 ans sans contact, se retrouvent pour faire face à un secret enfoui depuis 1995. Un secret si lourd qu’elles s’étaient juré de ne plus jamais se revoir.
Quatre filles et un secret
Lost Records: Bloom & Rage est un jeu d’aventure narratif où chaque choix aura un impact sur l’histoire. L’aventure débute en 2022, alors que l’on incarne Swann, l’une des quatre amies du groupe. Elle retrouve ses anciennes complices dans un bar de Velvet Cove, là même où leur histoire s’est déroulée durant l’été 1995. Lost Records est divisé en deux parties: Tape 1 et Tape 2, cette dernière étant prévue pour le 15 avril 2025.
L’intrigue alterne constamment entre 2022 et 1995, nous plongeant dans des flashbacks et des souvenirs partagés avec nos anciennes amies. Malheureusement, ces allers-retours sont parfois trop fréquents, laissant peu de temps pour s’immerger pleinement avant d’être projeté à une autre époque, ce qui peut briser l’immersion.
De plus, l’histoire met un certain temps à réellement décoller, l’élément déclencheur tardant à se dévoiler. Toutefois, le suspense est habilement maîtrisé: le mystère plane et l’on brûle de découvrir ce qui s’est réellement passé en 1995. Ça nous pousse à vouloir continuer! Cet aspect rend le scénario captivant et nous maintient constamment en haleine, faisant du récit l’un des points forts du jeu.

En direct des années 90
L’un des aspects les mieux réussi de Lost Records: Bloom & Rage est l’intégration de la caméra-cassette au gameplay. Bien plus qu’un simple gadget, elle occupe une place centrale dans l’expérience. Certains moments nous obligent à filmer nos amies ou des scènes précises pour faire progresser l’histoire. Sur PlayStation 5, l’utilisation du gyroscope de la manette DualSense renforce l’immersion: la caméra tremble légèrement, donnant l’impression de réellement la tenir en main.
Même les objets à collectionner sont intégrés à ce système: au lieu de simplement les ramasser comme dans la plupart des jeux, on doit les filmer. Le jeu propose plusieurs catégories d’éléments à capturer et il faut en immortaliser un certain nombre pour compléter chaque collection. Par exemple, la catégorie “Oiseaux” demande de filmer dix spécimens au cours de l’aventure pour être complétée. Cela pourrait sembler fastidieux, mais une fois la caméra équipée, les sujets à filmer apparaissent naturellement dans l’environnement, rendant la tâche intuitive et plaisante. L’envie de capturer des moments marquants vient alors d’elle-même.
En bonus, on peut revoir toutes nos vidéos et même créer des montages, diffusés ensuite sur la télé de notre chambre ou autres endroits propices. Ce n’est pas forcément ma tasse de thé, mais ceux qui aiment ce genre de fonctionnalités y trouveront leur compte et pourront prendre des heures à faire des montages. L’outil est bien réalisé.

Les contrôles du personnage restent assez basiques. Un détail intéressant est la variation de perspective selon l’époque : en 2022, on joue en vue à la première personne, tandis qu’en 1995, l’action passe en troisième personne. Ce changement subtil apporte une touche d’originalité et renforce l’ambiance du jeu. Sinon, le gameplay repose essentiellement sur l’exploration des environnements et les choix narratifs, qui influencent le déroulement de l’histoire. Certaines décisions doivent être prises rapidement, mais sans pression excessive.
On doit parfois accomplir des tâches plus anecdotiques, comme ranger une pièce ou préparer un sac avant de partir. Ces moments peuvent sembler un peu monotones, mais ils restent occasionnels et ne nuisent pas à l’expérience globale.
Au final, Lost Records n’est pas un jeu axé sur le gameplay pur, mais ses mécaniques sont bien intégrées. Ce gameplay ne vient jamais gêner l’immersion, mais il est un peu banal.
Voix chaotiques
La première chose qui nous frappe au niveau du doublage, c’est son inconstance. À noter que j’ai principalement joué en anglais pour la majeure partie du jeu, mais j’ai quand même testé un petit moment en Français. Et en français, c’est… compliqué. Les voix ne collent pas aux personnages et l’accent du doublage divise: on aime ou on n’aime pas. Pour ma part, c’est décevant. En anglais, c’est un peu mieux, mais toujours très variable.
Certaines scènes sont bien interprétées et sonnent naturelles, mais on retombe ensuite vite dans une exécution maladroite. La plupart des dialogues manquent grandement de fluidité, les intonations sonnent faux et les moments plus intenses sont souvent mal rythmés et décousus. Par exemple, lorsqu’un personnage livre une information importante, un certain délai peut s’installer avant qu’un autre ne réagisse. De plus, les expressions faciales ne suivent pas toujours l’émotion transmise: un personnage supposé être en colère peut afficher un visage totalement neutre. Les scènes où plusieurs personnages se disputent sont particulièrement chaotiques, avec des répliques qui s’enchaînent de manière décousue et des intonations qui varient trop d’une phrase à l’autre. Ces scènes en deviennent même involontairement drôles tant elles partent dans tous les sens.
Malgré ces défauts, les voix correspondent bien aux personnages et la performance des acteurs est globalement solide. Chaque protagoniste possède une personnalité bien distincte, tout en restant crédible au sein du groupe d’amies. Swann, le personnage principal, est une adolescente timide et intellectuelle, un choix intéressant qui change des archétypes habituels. Elle incarne un profil auquel beaucoup peuvent s’identifier. Cependant, son manque d’aisance sociale et sa faible estime d’elle-même sont parfois exagérés au point de rendre certaines répliques peu crédibles, voire carrément forcées tant elle semble maladroite.
Côté musique, la bande-son est agréable, sans être mémorable. Elle accompagne bien l’ambiance du jeu, avec une sélection de morceaux indie doux qui collent au ton général du jeu et aux émotions des personnages.

Inconstant
Le visuel, lui aussi, manque de constance. Certaines scènes pré-rendues sont très soignées, dignes d’un jeu AAA à gros budget, mais elles se font rares. Une fois en jeu, la qualité devient beaucoup plus inégale. On sent que Don’t Nod a cherché à imposer un style visuel particulier, mais le résultat peine à convaincre: l’ensemble ressemble davantage à une 3D basique qui n’impressionne jamais vraiment.
Pire encore, malgré des graphismes moyens, les performances laissent à désirer. La fréquence d’images chute régulièrement sous les 30 FPS, ce qui est difficilement acceptable pour un jeu aussi lent et visuellement aussi simple, surtout sur PlayStation 5. Faire tourner la caméra peut même être difficile pour les yeux du joueur, car les éléments du décor deviennent flous et ce, que l’option de flou de mouvement soit activée ou non.
Heureusement, les visages des quatre personnages principaux sont bien modélisés, aussi bien techniquement qu’artistiquement. On peut y observer de nombreux détails, comme de l’acné, des taches de rousseur ou des grains de beauté, ce qui apporte une belle touche de réalisme. L’effet de profondeur est également réussi, ce qui est appréciable dans un jeu où les dialogues en face-à-face sont fréquents.
En revanche, certains personnages secondaires sont nettement moins soignés… tout en étant souvent montrés de près, ce qui donne parfois des résultats involontairement comiques. Quelques bugs visuels viennent aussi perturber l’immersion par moment, notamment lors des transitions entre les époques, où l’on peut voir les vêtements des personnages se charger sous nos yeux.
Cher la minute
Tape 1 ne brille pas par sa durée de vie. J’ai mis environ cinq heures pour terminer cette première partie et on espère que Tape 2 offrira un peu plus de contenu, car à 53,50 $ CAD, le rapport qualité-prix laisse à désirer. À plusieurs reprises, j’ai eu l’impression que certaines scènes étaient inutilement allongées pour justifier le prix, en nous forçant à ramasser des objets ou à remplir notre sac. Il y a toutefois un aspect de rejouabilité pour ceux qui voudraient explorer d’autres choix narratifs ou compléter leur collection d’objets. Cependant, entre le doublage maladroit, l’instabilité du rendu visuel et un gameplay assez limité, l’envie de replonger dans l’aventure une deuxième fois est loin d’être évidente. Lost Records captive surtout par son histoire, mais une fois le mystère dissout, l’intérêt de recommencer reste très faible.

Conclusion
Au final, Lost Records: Bloom & Rage – Tape 1 ne marquera pas les esprits, malgré une histoire intrigante. Certains aspects, comme l’utilisation de la caméra-cassette et l’alternance entre deux époques, apportent une touche d’originalité, mais cela ne suffit pas à compenser un visuel décevant, un doublage mal monté et un gameplay trop basique. Ça peut valoir le détour uniquement si vous êtes un inconditionnel de ce genre de jeu.
Nom du jeu | Lost Records: Bloom & Rage |
Date de sortie | 18 février 2025 |
Développeur | Don’t Nod Montréal |
Série | Lost Records |
Éditeur | Don’t Nod |
Plates-formes | Windows, PlayStation 5, Xbox Series X/S |
Genre | Aventure |
Mode de jeu | Solo |
Langue | Multilingue (français inclus) |
Lost Records: Bloom & Rage Tape 1 est disponible aussi sur ps plus ,Tape 2 en avril sur ps plus
Tout à fait! Ça vaut la peine d’y jeter un oeil si on est abonné 🙂