Un monde magnifique sur le point de changer à jamais! Et si on essayait de capturer sa beauté?
Scavengers Studio nous propose une belle réflexion autour de la mémoire, des souvenirs et de leurs effets sur les humains dans ce jeu unique en son genre.
Un jeu lent, apaisant et un journal à remplir de souvenirs
C’est équipé de son appareil photo, d’un enregistreur et d’un cahier que le personnage quitte son petit village de Caro, à la découverte d’un monde sur le point de changer drastiquement. Armée pour capturer les images et les sons, la protagoniste s’efforce de dépeindre le monde tel qu’il est, pour la postérité.
On est tout de suite happé par la lenteur et la sérénité du jeu. SEASON : A letter to the future nous transporte dans un monde où tout semble s’arrêter, à l’aube d’une nouvelle saison comme le dit si bien le jeu, un entre deux. Les motifs du personnage principal de quitter sa petite ville et explorer le monde sont autant pour la postérité que pour elle-même. Vous devrez donc créer avec elle un livre de souvenir. Comme un scrapbook pour immortaliser un monde sur le point de changer à jamais.
Dès la première scène, dans la maison de la jeune femme avec sa mère, le jeu nous apaise. On peut interagir avec beaucoup d’objets et le personnage nous les décrit avec une justesse désarmante. On nous demande de créer un talisman de protection à partir de souvenirs dont les catalyseurs sont des objets qui se trouvent dans la maison. Ainsi, le personnage principal nous raconte un évènement ou une émotion reliée avec chacun des objets.
Puis, on quitte la maison et le petit village haut dans les montagnes, à l’abri de tout, pour parcourir le monde à dos de bicyclette! Le monde qui s’ouvre à nous est bien mystérieux: des structures gigantesques à l’abandon, de la solitude, des technologies hors fonction mais, aussi, de l’espoir en de beaux humains et des fleurs étranges qui renferment des souvenirs. On a envie de tout prendre en photo et on se laisse prendre au jeu. Puis, le personnage réagit selon la photo en apportant des remarques.
Les lieux importants composent chacun une page du livre et on peut le remplir des photos que l’on a prises, des objets que l’on glane, des sons qu’on enregistre et des précisions que le personnage apporte. Après quelques collages, on débloque une conclusion à la page, le personnage émet une réflexion sur le lieu puis on débloque quelques nouveaux objets pour garnir celle-ci. Certaines pages nous demandent des choses plus spécifiques à trouver pour compléter le collage mais pas besoin de chercher bien loin. En poursuivant la route, on trouvera rapidement.
Il est surement possible de rater quelques remarques du personnage si on ne prend pas en photos tous les bons éléments mais on peut garnir le journal avec n’importe quel cliché et clore la page du lieu quand même. Il n’y a pas d’impératif dans ce jeu et ça en fait toute sa beauté. Vous voulez mettre cinq photos de fleurs dans la page? Amusez-vous!
Élucider le mystère qui menace la fin de la saison
Les paysages sont bien souvent majestueux, la nature ayant repris ses droits sur plusieurs structures construites des mains de l’homme. Puis, ici et là, des traces de vies du passé et partout de la poésie. On rencontre également des humains, eux aussi très intéressants avec des motivations, des aspirations, des cultures et des passés différents. L’histoire se dessine tranquillement, une histoire empreinte de mystère qu’il vous faudra découvrir au fil des rencontres, des objets que vous trouverez et des conclusions que vous en tirerez. Alors que je croyais tout d’abord à un jeu plutôt contemplatif, on se retrouve rapidement à vouloir poursuivre pour comprendre de quoi il en retourne!
J’ai bien aimé poser des questions aux personnages tout en sachant qu’on ne peut pas toutes les poser et qu’il faut choisir. Je me suis retrouvé plusieurs fois en dilemme à savoir si je voulais plus en apprendre sur le personnage lui-même ou sur le mystère entourant le monde.
Au début, je m’attendais à quelques puzzles qui creuseraient les méninges mais plus on avance et plus on comprend que c’est beaucoup plus une réflexion philosophique sur les souvenirs et sur comment les humains gèrent le passé. L’humain est surement le casse-tête le plus complexe, au final!
La religion est omniprésente au sein de la vallée. Une religion à plusieurs dieux, aussi basée sur les souvenirs. On comprend bien que tous les habitants de la vallée y accordait une importance. C’est le cas aussi pour les personnages qui y demeurent et que vous rencontrez.
Des dialogues riches mais saccadés
La traduction française est impressionnante. Le texte est juste et recherché. Par contre, les voix sont un peu étranges et, bien que les narrateurs soient investis, on dirait qu’ils lisent chacune de leur phrase indépendamment de celles qui précèdent. Ça donne un rythme et un ton saccadé, aussi bien en anglais qu’en français. C’est peut-être dû au format choisi pour présenter les dialogues. En effet, les personnages parlent par courtes phrases qui apparaissent dans l’écran sous forme de bulles : des phylactères, comme dans les bandes dessinées. On doit appuyer après chaque bulle pour que le personnage poursuivre son dialogue et ça mine drastiquement le rythme de la narration. De plus, les personnages ne bougent pas les lèvres lorsqu’ils parlent, ce qui nuit un peu à l’immersion. Dans un jeu ou c’est le principal atout, j’ai trouvé cela un peu dérangeant par moment. Par chance, le contenu est tellement intéressant qu’on finit par éluder les accrocs.
Une aventure unique, poétique
Scavengers Studio réussit à livrer un jeu unique en son genre chargé d’émotion, de dialogues et de narrations d’une justesse désarmante et poignante et l’apologie d’une certaine lenteur qui fait du bien.
La bande son est impressionnante et les effets sonores sont très bien réussis. Il faut dire qu’ils font partie intégrante d’un des mécanismes du jeu et qu’on peut à tout moment enregistrer ce que l’on entend afin de coller l’enregistrement dans son journal. (ouais, ça se peut bon!)
En utilisant les capacités de la DualSense, Scavengers Studio pousse l’immersion au maximum. La pression sur les gâchettes pour pédaler avec le vélo, les textures différentes selon le type de terrain sur lequel on marche est aussi ressenti dans la manette et aide à l’immersion.
Outre les voix saccadées, le jeu souffre d’une durée de vie plutôt courte. Quoique bien chargé émotionnellement et rempli de narrations, l’histoire se termine rapidement et je n’ai pas vraiment trouvé de valeur de rejouabilité, sinon pour revivre le moment. Évidemment, je n’ai pas tout vu, ni tout entendu. Puisqu’on peut poser différentes questions aux personnages, il est possible de rejouer et d’explorer d’autres pans. Je ne crois pas que différentes décisions impacteraient la trame du jeu, cela dit.
En conclusion
Au final, SEASON : a letter to the future est un rappel que les souvenirs et la mémoire sont d’une importance capitale et font de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Que des objets, des sons et des paroles peuvent nous faire vivre pleins d’émotions et qu’il faut les vivre pleinement car on ne sait jamais ce qui peut arriver! C’est une apologie, bien que très courte, aux souvenirs, afin de mieux se projeter dans le futur.
Un énorme “MERCI” à Scavengers Studio pour la copie du jeu!
Nom du jeu | SEASON : A letter to the future |
Date de sortie | 31 janvier 2023 |
Développeur | Scavengers Studio |
Série | |
Éditeur | Scavengers Studio |
Plates-formes | PC, PlayStation 4, PlayStation 5 |
Genre | Aventure |
Mode de jeu | Solo |
Langue | Multilingue (français inclus) |