Thaumata est un mot grec qui signifie “miracles”
Initialement prévu pour la fin 2023 et reporté à deux reprises depuis, c’est à partir du 4 mars 2024 que les joueurs peuvent enfin mettre leurs mains sur le dernier jeu du studio Fool’s Theory, The Thaumaturge. Édité par 11 bits Studio et disponible sur PC, Xbox Series X/S et sur Playstation 5, ce jeu se qualifie de RPG au tour par tour dans lequel le joueur aura de multiples choix à faire.
Faire face à ses propres démons
Dans ce RPG narratif, vous incarnez Wiktor Szulski, le thaumaturge dont fait référence le titre. Les thaumaturges représentent une minorité de personnes qui ont certaines capacités magiques et surtout, qui sont en mesure de voir et de domestiquer les salutors. Ces salutors sont des créatures immatérielles, issues des contes et de la mythologie slave, qui peuvent influencer le comportement des humains. Une fois apprivoisés, ils servent les désirs de leurs maîtres, que ce soit en influençant autrui ou en combattant à leurs côtés.
“Wiktor with a “W” not a “V””
L’histoire commence avec un Wiktor visiblement mal en point qui est à la recherche d’une personne pouvant apaiser ses maux. Car oui, apprivoiser les salutors n’est pas sans risques. Non traité, cela peut aller jusqu’à rendre fou leurs maîtres. Le guérisseur tant recherché par le protagoniste est en fait nul autre que le personnage historique russe, Grigori Efimovitch Raspoutine. Reconnu pour ses pouvoirs d’hypnose, Raspoutine est l’une des seules personnes pouvant rétablir notre personnage. En ce sens, il joue un rôle primordial auprès de Wiktor.
Après quelques dizaines de minutes à se familiariser avec les contrôles, à comprendre les mécaniques d’explorations et à s’habituer aux combats, l’élément narratif qui viendra tout chambouler, est le décès de notre père, Stanislaw Szulski. Nous devons alors retourner à Varsovie, notre ville natale, pour assister à ses funérailles. C’est à Varsovie en 1905, sous la gouverne du tsar russe Nicolas II, que prend place l’ensemble de l’histoire.
Varsovie en 1905
Nous y constatons une ville sortant d’un contexte économique plutôt difficile. Une ville où règne une tension constante entre les habitants et où un mot de travers résulte en un combat à point fermé. Sans être révolutionnaire, le visuel du jeu est bien et fait ressortir le contexte historique plutôt ardu. Il est intéressant de se promener, explorer et faire quelques quêtes secondaires pour en découvrir plus sur la ville et améliorer les capacités de notre personnage. Pour ce qui est des personnages du jeu, ils sont généralement bien détaillés et on constate rapidement le travail de recherche pour les vêtements de l’époque. Par contre, si leurs différents habits sont très intéressants, leurs expressions faciales sont bien souvent absentes. Ce n’est pas un point qui enlève beaucoup à l’expérience, mais c’est tout de même un point qui pourrait s’avérer agaçant pour plusieurs.
Une narration “dont vous êtes le héro”
Dans The Thaumaturge, la majorité des décisions que vous prenez ont un impact direct sur l’histoire et sur ce qui se produit. Ces choix se font non seulement dans les dialogues, mais dans la façon dont vous jouez votre personnage. Quatres statistiques principales définissent Wiktor : la force, l’esprit, la parole et l’acte. Certaines actions sont disponibles seulement si vous avez augmenté une statistique bien précise. Si bien que lors de certains échanges, bien que vous voyez 4 possibilités, quelques-unes d’entre elles peuvent être bloquées considérant vos différents niveaux ou considérant ce que vous avez exploré.
Ceci étant dit, l’importance des choix est primordiale. Tout au long de l’histoire, les choix faits permettent de développer certaines relations. Des relations qui donnent accès à des histoires différentes, à des fins alternatives et voire même, à des salutors qu’en d’autre circonstance, ne pourraient être débloqués. Par exemple, duper un personnage peut faire en sorte de jouer en ta défaveur, mais peut également te permettre de mettre la main sur un salutor particulièrement puissant. C’est donc ce genre de dilemme auquel le joueur fait constamment face. L’impact de tes choix n’est jamais préalablement affiché. Il est donc impossible de savoir ce qui résulte directement des décisions prises. Il faut logiquement plusieurs parties pour découvrir ce que l’histoire offre à 100%.
Une ambiance lourde et mystique
Dès le menu principal du jeu, on peut y entendre des voix en chœur s’apparentant à des incantations mystiques. C’est une musique plutôt lourde et minimaliste qui accompagne le joueur tout au long de l’histoire. Malgré sa répétitivité (notamment dans les combats) la trame sonore met bien l’ambiance au jeu et immerge le joueur dans la lourdeur de l’époque et dans la noirceur dans laquelle la thaumaturgie y est présentée.
Un gameplay simple d’approche
Le livre magique de notre thaumaturge permet l’utilisation de sa perception. En claquant des doigts, Wiktor émet un cercle invisible autour de lui et met en surbrillance certains objets à observer ou certaines actions à faire. Si le concept peut initialement être intéressant, il s’avère plutôt redondant après quelque temps. C’est une mécanique qui doit être faite constamment afin de savoir ou se diriger, gagner le maximum d’expérience et élucider les quelques mystères de la narration. Le joueur n’aura pas à se casser la tête plus qu’il ne le faut ni même à lire l’ensemble des textes pour pouvoir progresser. Il suffit généralement d’inspecter l’ensemble des points mis en surbrillance pour cheminer dans l’histoire. Néanmoins, un joueur qui souhaite s’investir dans la lecture y trouvera certainement son compte.
Tel que mentionné précédemment, les intéractions avec les objets, les lectures de pamphlet, les affiches à regarder, les bâtiments à contempler, tout ça, s’avèrent être essentiels. Chacune de ces interactions résultent en un gain d’expérience et permettent d’acquérir des points de thaumaturgie. Ces derniers sont des points afin d’augmenter les capacités de notre personnage. Comme les combats sont en nombre fini, il est compréhensible que l’expérience se gagne autrement. Il est tout de même singulier de pouvoir améliorer nos capacités et celles de nos salutors, simplement en lisant le journal ou en contemplant la maison d’une famille bourgeoise.
Un magicien qui se bat avec ses poings
Le défi du jeu passe principalement par ses combats tour par tour. Présentant de base une mécanique classique, un petit ajout vient rendre le tout un peu plus stratégique. En effet, dans la partie supérieure de l’écran de combat, se trouve une ligne du temps sur laquelle les actions à venir y sont inscrites. Chaque attaque, que ce soit les nôtres ou celles de nos créatures fantomatiques, vont être définis selon leurs durées ; rapide, ralenti, très ralentis. En sélectionnant une action, elle apparaît sur cette ligne et cela permet d’élaborer une stratégie en fonction des attaques ennemies à venir.
Les salutors sont des éléments très importants dans les combats. Certains permettent la perte de vie graduelle des assaillants, d’autres ont des attaques pouvant soigner notre personnage, d’autres ont davantage des attaques centralisées sur l’offensive ou d’autres encore, ont des habilités beaucoup plus axées sur la chance et les effets aléatoires. Même si les salutors se comptent par un peu moins d’une dizaine au total, leurs importances et leurs mécaniques de combat contribuent grandement à vouloir tout les capturer. Est-ce plus avantageux de faire une frappe rapide, mais moins forte? Ou encore, de s’assurer que notre salutors puisse rendre vulnérable l’ennemi avant que Wiktor puisse lui-même attaquer? Plusieurs choses à laquelle le joueur doit réfléchir tout au long des affrontements. Il y a une progression très satisfaisante en termes de difficulté à travers le jeu. Évidemment plutôt simple dans les débuts, plus le récit progresse, plus les probabilités de devoir recommencer un combat sont présentes.
Un bon jeu, mais non sans “failles”
Avoir quelques bugs lors d’un lancement de jeu, est maintenant (malheureusement) pratique courante. Même les grandes productions AAA sont souvent avec quelques petits éléments qui accrochent l’œil ou des éléments encore à peaufiner. Dans le cas de The Thaumaturge, il y a quelques petits accrochages visuels qui vont être aperçus. Rien de majeur ou qui va brimer l’expérience du jeu mais qui méritent tout de même une mention. Par contre, l’élément le plus frustrant auquel le gameplay doit faire face, est la précision du curseur sur les objets. Effectivement, à plusieurs reprises, le curseur doit être un peu décalé, afin qu’il soit reconnu par l’interaction. L’utilisation d’une manette prévient ces quelques soucis de jouabilités.
“Il est impossible de nommer pleinement l’essence d’un thaumaturge, sans être né thaumaturge.”
Pour conclure, malgré quelques éléments redondants, The Thaumaturge reste une expérience fort agréable. La multitude de choix, la narration poignante ainsi qu’une mécanique de combat complexe mais intéressante, m’a donné envie d’y retourner et d’explorer les alternatives narratives qu’offre le jeu.
Je me suis surpris à recommencer une partie immédiatement après avoir vu les crédits finaux afin de vivre d’autres possibilités. Ou encore, à aller faire quelques recherches pour en apprendre davantage sur les personnages historiques mentionnés. N’ayant pas débloqué, ni même vu, l’ensemble des salutors lors de ma première partie, la curiosité de tous les domestiquer va certainement contribuer au désir d’y rejouer.
Un énorme “Merci” à 11 bits Studio pour la copie du jeu.
Nom du jeu | The Thaumaturge |
Date de sortie | 4 mars 2024 |
Développeur | Fool’s Theory |
Franchise | |
Éditeur | 11 bits Studio |
Plates-formes | PC, PlayStation 5, Xbox Series S|X |
Genre | Jeu de rôle, jeu d’aventure |
Mode de jeu | Solo |
Langue | Multilingue (français inclus) |
The Thaumaturge
44.99$
Pour
- Mécanique de combat bien pensé
- Progression de la difficulté des combats
- Histoire très intéressante
- La multitude de choix possible
- Contexte historique bien représenté
Contre
- Une mécanique d’enquête plutôt simple
- Petits bugs de contrôle dérangeant
- Le manque de personnalité de certains personnages