Un Musou qui plonge dans les ténèbres, pour le meilleur et pour le pire
Depuis des décennies, KOEI TECMO et Omega Force régnent sur le genre du Musou avec des séries emblématiques comme Dynasty Warriors, Samurai Warriors ou encore leurs adaptations réussies de licences comme Fire Emblem Warriors et Hyrule Warriors. Avec Warriors: Abyss, la formule prend un tournant plus sombre, tentant de mélanger action frénétique, roguelite et narration ténébreuse.
Une ambiance sombre et envoûtante, mais maladroitement exploitée
Dès les premières minutes de Warriors: Abyss, on sent une volonté de proposer une atmosphère plus pesante que d’habitude. L’histoire nous plonge dans un royaume en pleine décrépitude où la corruption d’un abîme ancien ronge peu à peu les terres et les âmes des combattants. Les personnages sont tiraillés entre loyauté et désespoir et le ton général est bien plus mature qu’un Dynasty Warriors classique.
KOEI TECMO réussit à créer un monde visuellement distinct : des ruines oppressantes, des paysages désolés et des créatures cauchemardesques. L’esthétique rappelle parfois Nioh ou Berserk, avec des tons sombres, des jeux d’ombre soignés et un bestiaire plus effrayant qu’habituel. Cependant, cette belle direction artistique est ternie par une répétition visuelle trop présente. Malgré les belles intentions, les environnements manquent de diversité et finissent par lasser après plusieurs heures de jeu.
Un gameplay classique qui peine à se renouveler
Comme tout bon Musou, Warriors: Abyss repose sur son gameplay frénétique où l’on affronte des hordes d’ennemis avec des combos dévastateurs. Ici, le jeu apporte quelques variations intéressantes, notamment avec un système de corruption progressive qui affecte les capacités des héros. En théorie, plus un personnage se laisse influencer par les ténèbres, plus il gagne en puissance mais au risque de perdre le contrôle et de devenir une menace.
Ce concept est séduisant, mais dans les faits, il s’avère frustrant. Il y a un manque d’équilibre flagrant : la corruption peut être une bénédiction comme une malédiction, mais elle pénalise parfois excessivement le joueur en limitant ses actions ou en imposant des phases de combat trop intenses. L’idée est bonne, mais le manque de souplesse dans son application la rend parfois plus punitive qu’amusante.
Les affrontements, bien que satisfaisants dans leur exécution, souffrent aussi d’un problème récurrent des Musou modernes : une IA qui manque d’agressivité et un manque d’enjeux stratégiques. Les boss sont plus intéressants à affronter que les hordes d’ennemis classiques, mais restent inégaux en termes de difficulté.
Un roster de personnages intrigant, mais sous-exploité
L’un des points les plus séduisants du jeu réside dans son casting de personnages. Plutôt que d’opter pour une multitude de figures historiques comme dans Dynasty Warriors, Warriors: Abyss propose un roster original composé de guerriers maudits, de mages déchus et d’anciens héros corrompus par l’Abîme.
Chaque personnage possède une personnalité marquée et une histoire intéressante mais le jeu peine à les exploiter pleinement. Certains arcs narratifs sont expédiés trop rapidement et la relation entre certains protagonistes aurait mérité d’être plus approfondie. Malgré tout, le doublage japonais est excellent et contribue à donner de la profondeur aux personnages.
Côté gameplay, chaque personnage dispose de son propre style de combat et de ses propres pouvoirs liés à la corruption. Certains combos sont jouissifs, mais d’autres manquent d’impact ou souffrent d’une animation un peu rigide. Une meilleure fluidité aurait rendu l’expérience plus agréable.
Une bande-son qui alterne entre chef-d’œuvre et oubliable
Les compositions musicales de Warriors: Abyss oscillent entre le génial et le fade. Certaines pistes, en particulier lors des combats contre les boss, sont épiques et renforcent la tension dramatique du jeu. On y retrouve un mélange de métal orchestral, d’instruments traditionnels asiatiques et d’ambiances angoissantes qui collent parfaitement à l’univers.
Malheureusement, l’OST souffre aussi de pistes plus génériques, notamment pour les batailles classiques. La boucle sonore devient vite répétitive, ce qui accentue la sensation de redondance du gameplay.
Un contenu généreux, mais une progression frustrante
Avec ses nombreuses missions, son mode New Game+, et ses défis annexes, Warriors: Abyss offre une durée de vie solide pour les fans du genre. Cependant, le grind excessif nécessaire pour débloquer certaines capacités et armes risque d’en déplaire plus d’un. L’équilibrage de la progression laisse à désirer et certaines missions sont inutilement rallongées pour gonfler artificiellement la durée de vie.
De plus, il aurait été vraiment intéressant de pouvoir y jouer en multijoueur, que ce soit local ou en ligne. Avoir un partenaire pour nous aider dans la gestion des foules ennemies pourrait être plus que plaisant à certains moments.
Pour conclure – Une expérience mitigée mais prometteuse
Warriors: Abyss tente d’apporter du renouveau à la formule Musou en misant sur une ambiance plus sombre et un système de corruption intrigant. Cela faisait de nombreuses années que KOEI TECMO n’avait rien sorti de l’univers de Dynasty Warriors et Abyss est rafraichissant de ce côté. Si l’intention est louable et que certains aspects du jeu sont vraiment réussis, le tout est terni par un gameplay qui peine à se renouveler, une répétition excessive et un grinding dans des affrontements débalancés.
Les fans de Musou, comme moi, y trouveront leur compte, surtout ceux qui apprécient les univers plus sombres et narratifs. Cependant, le manque de variété risquent d’en frustrer plus d’un. Warriors: Abyss est un jeu qui avait un énorme potentiel, mais qui manque encore de polissage pour s’imposer comme un Musou Roguelite, un des premiers et un incontournable du genre.
Un énorme “MERCI” à KOEI TECMO pour la copie du jeu
Warriors: Abyss
33.49$
Pour
- Un spin-off intéressant
- Des combats intenses
- Beaucoup de personnages à déverrouiller
Contre
- Une progression débalancée
- Une IA déficiente
- Énormément redondant
- Pas de multijoueur
- Le grinding risque d'en déplaire plusieurs
